Le Journal de Quebec - Weekend

L’HISTOIRE SECRÈTE de la NASA

En 1958, un véritable régiment de mathématic­iennes noires oeuvre à la NASA à des tâches subalterne­s. Dans Les figures de l’ombre, Taraji P. Henson, Octavia Spencer et la chanteuse Janelle Monáe prêtent leurs traits à trois de ces femmes, bien réelles, qui

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

En Virginie, dans les années 1950, les lois ne permettent pas aux Blancs et aux Noirs de vivre ensemble. Au travail, ils sont séparés. Les bureaux, les salles à manger et même les toilettes ne sont pas mixtes. D’un côté, il y a les Blancs et de l’autre, les Noirs. Les bureaux de la NASA à Langley ne dérogent pas à cette règle. Avant l’arrivée des ordinateur­s, ce sont des personnes qui effectuent manuelleme­nt tous les calculs nécessaire­s aux missions d’exploratio­n spatiales. Parmi ces mathématic­iens, un groupe de femmes noires, isolées dans une aile précise, sont affectées à des tâches diverses.

Katherine G. Johnson (Taraji P. Henson) est une mathématic­ienne brillante qui se voit affectée à la mission de John Glenn, supervisée par Harrison (Kevin Costner dans le rôle d’un personnage fictif, créé à partir de plusieurs responsabl­es de la NASA à l’époque), pour laquelle elle doit calculer l’orbite de la rentrée dans l’atmosphère de l’astronaute. Et c’est d’ailleurs lui qui, au moment du lancement de la capsule Friendship 7, exigera que Johnson refasse les calculs de l’ordinateur IBM qui vient de faire son apparition à la NASA!

«J’ai grandi dans un quartier difficile, je n’ai donc eu que des rêves quand j’étais petite. Quand on est originaire d’un endroit où les gens n’ont pas d’espoir et que la seule chose qu’ils voient est qu’ils n’ont aucune place dans la société, c’est découragea­nt. Peut-être que si j’avais su que de telles femmes existaient, j’aurais voulu devenir ingénieure. Non pas que je n’aime pas mon métier, mais il y a tellement de choses à faire dans le monde que j’ai sauté à pieds joints dans ce projet. Le film pourra peut-être permettre à des enfants qui grandissen­t dans le même milieu que celui dans lequel j’ai été élevée d’avoir une vision totalement différente de ce qu’ils peuvent devenir plus tard», a indiqué l’actrice après avoir eu la chance de rencontrer la vraie Katherine G. Johnson, à qui le président Barack Obama a remis la médaille présidenti­elle de la Liberté en 2015.

UN MONDE DE TRANSFORMA­TION

Octavia Spencer, elle, incarne Dorothy Vaughan, morte en 2008, superviseu­re du groupe sans l’être officielle­ment. Après la livraison de l’ordinateur, elle apprendra le FORTRAN, langage de programmat­ion, convaincra l’ensemble des employées noires de la NASA de faire de même et ainsi garantira un emploi à toutes.

«Le film se déroule à une époque tellement intéressan­te pour notre pays lorsqu’il se transforma­it en ce que nous connaisson­s aujourd’hui, a-t-elle fait remarquer. En regardant ainsi le passé, ce qui est beau, c’est qu’on peut voir à quel point il est possible d’influencer l’avenir. J’espère vraiment qu’en voyant ce film, des filles à travers le monde réaliseron­t leur valeur.»

«J’étais extrêmemen­t motivée à faire partie de l’équipe qui raconterai­t cette histoire. Ces femmes ont littéralem­ent changé le monde en permettant au premier astronaute d’être placé en orbite autour de la Terre. Dès le moment où j’ai reçu le scénario et où on m’a demandé de passer les auditions, rien n’était plus important pour moi que d’obtenir le rôle de Mary Jackson», a pour sa part fait savoir Janelle Monáe, qui a passé des mois à se plonger dans l’histoire de la NASA.

Le mot de la fin appartient à Theodore Melfi, le réalisateu­r de ce long métrage produit par Pharrell Williams.

«Il s’est passé quelque chose d’extraordin­aire lorsque les États-Unis ont décidé d’aller sur la Lune. Les gens ont commencé à être appréciés en fonction de leurs habiletés. Dans Les figures de l’ombre, on voit la manière dont les connaissan­ces et les aptitudes ont été des facteurs égalisateu­rs. Pendant la course à l’espace, nous avons mis tout le reste de côté et nous avons demandé à tout le monde, quel que soit sa race ou son sexe, de mettre ses compétence­s mathématiq­ues au service du pays.»

Les figures de l’ombre est à l’affiche dans les salles québécoise­s depuis hier.

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