Le Journal de Quebec - Weekend
DEUX QUÉBÉCOIS EN ONTARIO
Karine Vanasse et Daniel «Podz» Grou ont passé plusieurs années à vouloir travailler ensemble. Leurs routes se sont finalement croisées en février dernier, non pas au Québec, mais à Sudbury et North Bay, en Ontario, lors du tournage de Cardinal, une halet
Pour Karine Vanasse, une habituée des tournages étrangers ( Pan Am, Revenge), cette collaboration revêtait un caractère particulier.
«C’est le fun de faire une série en anglais avec un réalisateur québécois, déclare la comédienne au Journal. C’était la première fois que mes deux univers étaient réunis: je sortais du Québec pour un tournage, mais j’avais un allié de chez nous. Ça donne une étincelle de plus. Je n’étais pas toute seule de ma gang.»
UN PERSONNAGE COMPLEXE
Inspiré du roman Forty Words for Sorrow, le premier d’une saga policière de Giles Blunt, Cardinal relate les aventures de John Cardinal (Billy Campbell) et Lise Delorme (Karine Vanasse), deux détectives qui tentent d’élucider le meurtre crapuleux d’une jeune fille.
Sur papier, le synopsis du thriller psycho- logique peut donner l’impression que Karine Vanasse interprète le rôle d’une jeune enquêtrice inexpérimentée qui sert de faire-valoir à Cardinal, mais à l’écran, la réalité est tout autre. Lise Delorme est beaucoup plus qu’une simple sidekick. L’actrice la décrit d’ailleurs comme une fille complexe, ambitieuse et rationnelle.
«Je trouvais le personnage extrêmement bien écrit, dit Karine Vanasse. Plus la série avance, plus on comprend ses intentions, plus on apprend à connaître ses valeurs. J’aime aussi la dynamique qu’elle développe avec Cardinal au fil des épisodes.»
«C’est intéressant de jouer des gens qui cachent quelque chose. Des gens qui dégagent une belle assurance, mais qui sont fragiles au fond. Tout dépend des auteurs. Dans Revenge, s’ils n’avaient pas voulu montrer les faiblesses de Margaux, ça aurait pu finir par être une fille qui passe son temps à piquer des crises. Heureusement, les auteurs ont voulu montrer l’autre côté.»
LE RÉALISATEUR PARFAIT
Pour Karine, Podz était «le réalisateur parfait» pour brosser le portrait d’un personnage comme celui de Lise Delorme. «Il laisse vivre les silences. Il n’a pas peur de montrer les moments entre les répliques où c’est possible de voir un personnage réfléchir. Pour bien comprendre Lise, c’était essentiel de garder ces courts instants. Ce n’est pas tous les réalisateurs qui auraient compris cela.» «Podz n’a pas seulement une vision globale du projet; il a une vision pour chacun des personnages, poursuit Karine Vanasse. Comme acteur, ça donne des ailes de savoir que quelqu’un d’autre tient ton personnage autant à coeur.»
LA MÉTHODE PODZ
Podz était effectivement soucieux des protagonistes de Cardinal. Pour mieux comprendre son héros, il s’est même loué, le temps du tournage, une maison un peu perdue au bord d’un lac.
«J’ai tendance à faire ça, admet le réalisateur de 19-2, C.A. et King Dave. J’essaie de rentrer dans l’univers des personnages pour voir le monde comme eux. Je sais que c’est weird, mais c’est ma méthode. John Cardinal est seul. Sa femme est partie. Sa fille étudie à Toronto. Il est isolé. Je voulais vivre ça d’une certaine façon.»
Le cinéaste décrit Karine Vanasse comme une trooper. Il parle d’une fille généreuse, d’une bonne humeur contagieuse, qui accrochait un sourire au visage de tous les membres de l’équipe de tournage.
PRÊTE À TOUT
«Son côté sombre, elle le gardait pour la caméra, dit Podz. Ça faisait longtemps que j’avais envie de travailler avec elle. Je sentais que j’étais capable d’aller chercher autre chose en elle… par rapport à ce qu’on lui avait demandé de faire avant. J’étais curieux de voir jusqu’où on pouvait aller. Et Karine est prête à tout. Elle veut tout faire. C’était tellement facile que j’étais presque sûr qu’on avait travaillé ensemble avant!»
Quant à Billy Campbell ( The Killing), Podz raconte avoir trouvé un ami.
«Au début, je n’étais pas convaincu. Je suis donc allé le rencontrer à Copenhague. J’ai passé une demi-journée avec lui, mais après cinq minutes, je savais que c’était le bon. J’ai senti qu’il avait la mélancolie de Cardinal.» Super écran présente la première saison de Cardinal en français dès mercredi à 23 h, en rediffusion le jeudi à 21 h. CTV diffuse la version originale anglaise à compter de mercredi à 22 h.