Le Journal de Quebec - Weekend

MMOONNTTRR­EERR LA DOULEUR SILENCIEUS­E

Les maladies mentales touchent plus de gens qu’on pense. Au Québec, 600 000 personnes souffrent de troubles anxieux ou dépressifs chaque année. Les personnage­s de nos séries télé en sont le reflet, débarquant dans notre petit écran avec leurs vulnérabil­it

- Emmanuelle Plante Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

La popularité de la télévision réussit souvent à faire changer des opinions, des habitudes. «La santé mentale, on en parle plus et mieux, confirme JeanRémy Provost, directeur général de l’organisme Revivre. On peut faire un parallèle avec d’autres défis d’acceptatio­n sociale – l’homosexual­ité, notamment. Elle a d’abord été censurée lorsque deux hommes se sont tenu la main dans Le paradis terrestre, puis est apparue avec des clichés avec Christian Lalancette dans Chez Denise, alors que maintenant, c’est une caractéris­tique d’un personnage sans que ça en soit un sujet. C’est la même chose avec la maladie mentale.»

«Les séries permettent de montrer que ça peut arriver à tout le monde de chuter: avocat, médecin, journalist­e... C’est ce qu’on a vu dans Prozac. Suzanne, dans Unité 9, est magnifique. Son trouble anxieux s’illustre tout en

finesse. C’est parfait. Guylaine Tremblay a magnifique­ment joué la dépression dans Annie et ses hommes. Au secours de

Béatrice est un excellent exemple aussi. Ça contribue à sortir les gens de leur silence. Chez Revivre, on met l’accent sur l’autogestio­n et on mise sur l’espoir en mettant la personne au centre de ses décisions. Béatrice, c’est ça. Elle consulte, elle est au centre de son processus. Et on peut se rétablir.»

S’ÉLOIGNER DES PRÉJUGÉS

Pour aider la cause, il faut toutefois s’éloigner des clichés pour ne pas engraisser des préjugés ou de fausses idées. «L’enjeu est que ce soit le plus près possible de la réalité, poursuit M. Provost. Il arrive qu’en fiction, on tourne les coins ronds en matière de médication, par exemple, ou de crises, pour capter l’attention du public. Les auteurs ont ce droit-là et c’est ce qui fait la différence entre le documentai­re et la fiction. Mais la télévision joue un rôle social indirect. Ça s’inscrit dans le cadre d’une meilleure acceptatio­n de la mal- adie mentale et d’un effet de sensibilis­ation et c’est très bien. Le danger se trouve dans les émissions à la TLC qui montrent des gens dans leur vulnérabil­ité comme des animaux de cirque ( My Strange Addiction ou

Hoarding: Buried Alive, par exemple).» Des auteurs et des comédiens appellent souvent Jean-Rémy Provost pour s’assurer du réalisme de leurs personnage­s. Une blessure psychologi­que laisse moins de traces qu’un handicap physique. «Je leur exprime des émotions en lien avec des caractéris­tiques physiques, évoquet-il. Quand on est anxieux, on est pris dans nos pensées, on a les yeux hagards, l’impression de ne pas être présent, des picotement­s, la sensation d’étouffer, on a des maux de ventre. Ce n’est pas nécessaire­ment dans le texte, mais c’est ce qu’ils doivent incarner.»

LA MALADIE MENTALE AU QUOTIDIEN

Cette saison, L’heure bleue nous entraîne dans le quotidien d’AnneSophie et Bernard, un an après un terrible accident qui a heurté leur vie,

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Lâcher prise Au secours de Béatrice
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