Le Journal de Quebec - Weekend

UN FILM UN PEU LOURD

Maudite poutine, premier long métrage de Karl Lemieux, est assuré de s’attirer, soit des éloges, soit des critiques, tant il ne laissera personne indifféren­t.

- Isabelle Hontebeyri­e

En ne cherchant pas à plaire, cette propositio­n est courageuse et ambitieuse. Car la forme l’emporte vite sur le fond, l’intrigue étant d’une minceur peu commune.

En région, Vincent (Jean-Simon Leduc), un jeune batteur dans un groupe de hard rock, a maille à partir avec les Motards, puisque lui et les autres membres de la formation ont volé de la marijuana aux criminels. À l’occasion d’un tabassage en règle effectué par les criminels en guise d’avertissem­ent et de motivation à les rembourser, Vincent croise Michel (Martin Dubreuil), son frère, qu’il n’avait pas vu depuis des années. Personnage à la dérive, drogué, Michel est vaguement acoquiné avec les Motards et se retrouve donc au milieu de cette querelle qui tourne mal.

Filmé en noir et blanc – ce qui accentue la violence de certaines scènes – et en 16 mm – la direction de la photograph­ie, assurée par Mathieu Laverdière, est à souligner –, Maudite poutine comprend des scènes d’une beauté saisissant­e. Qu’il s’agisse de l’intérieur d’une usine, de la destructio­n du mobilier d’une pièce ou de plusieurs scènes en extérieur (le jardin de Michel par exemple), le cinéphile ne manquera pas d’être impression­né.

Le cinéaste fait également la part belle à la musique, qui accompagne bon nombre de moments de ce long métrage de 96 mi- nutes, soulignant l’intensité dramatique de scènes importante­s.

Mais trop de moments s’éternisent, comme si Karl Lemieux voulait examiner certains aspects des personnage­s. L’effet est raté et on se prend à souhaiter à maintes reprises que le rythme de ce Maudite poutine s’accélère.

Assurément à classer parmi les films d’auteur, Maudite poutine a d’ailleurs été présenté dans la section «Horizons» à la Mostra de Venise, ce qui confirme bien ce que le long métrage peut avoir d’innovateur, de surprenant et d’intrigant. Mais cela suffit-il?

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Maudite poutine comprend des scènes d’une beauté saisissant­e.
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