Le Journal de Quebec - Weekend

LE VIEUX GRINCHEUX AU COEUR TENDRE

Un film de Hannes Holm, avec Rolf Lassgård, Bahar Pars, Filip Berg et Ida Engvoll. À l’affiche.

- Cédric Bélanger Le Journal de Québec

Même si son récit est centré autour d’un vieux grincheux qui veut se donner la mort, le réalisateu­r suédois Hannes Holm a réussi avec Mr Ove à concocter une comédie aux accents dramatique­s qui réchauffe le coeur.

Ce n’est pas pour rien que cette adaptation du roman A Man Called Ove, de l’écrivain Fredrik Backman, est en lice pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Son humour décapant et ses personnage­s attachants lui confèrent un charme irrésistib­le, le tout sans succomber à un excès de sentimenta­lisme.

Le Ove du titre est un quasi-sexagénair­e devenu amer après deux coups durs du destin: le décès de sa femme Sonja et la perte de son emploi.

Depuis, pour tuer le temps, il fait des rondes dans les ruelles de la copropriét­é où il vit en faisant appliquer avec un zèle qui tape royalement sur les nerfs de ses voisins le moindre petit règlement.

DES DRAMES

Le seul objectif d’Ove est d’aller rejoindre sa bien-aimée. Mais chaque fois qu’il tente de se pendre dans son salon, ses nouveaux voisins tellement sympathiqu­es trouvent mille et une raisons pour débarquer.

Pendant qu’Ove développe des liens avec ce joyeux clan, des retours en arrière nous font découvrir les drames qui ont jalonné la vie de notre antihéros, en particulie­r ceux qui ont marqué son histoire d’amour avec Sonja. Surprise, il a bel et bien un coeur tendre, cet Ove.

DÉLICIEUSE­MENT BOURRU

Malgré des qualités techniques et scénaristi­ques indéniable­s, le succès de Mr Ove repose en grande partie sur les épaules de Rolf Lassgård. Remarqué dans l’excellent After The Wedding (cité aux Oscars en 2007), Lassgård compose un Ove délicieuse­ment bourru à la réplique cinglante. À ses côtés, l’Iranienne Bahar Pars brille dans le rôle de la voisine immigrante à l’enthousias­me contagieux. Des observateu­rs ont comparé ce feel

good movie au Gran Torino de Clint Eastwood, qui mettait aussi en scène une personne âgée aigrie s’amadouant au contact de gens de son voisinage.

Au Québec, on pourrait lui trouver des liens avec Monsieur Lazhar pour l’humanité qui s’en dégage. Comme le film de Falardeau, Mr Ove traite du vivre ensemble en montrant comment une immigrante a su faire sa place dans sa société d’accueil.

Ce ne sera probableme­nt pas suffisant pour rafler l’Oscar en raison de la féroce concurrenc­e de Toni Erdmann et Le

client. Mais Mr Ove a encore une belle vie devant lui.

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