DES QUÉBÉCOIS AUX OSCARS

Cette année, Denis Villeneuve est devenu le premier Québécois nommé à l’Oscar de la meilleure réalisation pour son travail exceptionnel sur L’Arrivée, également en lice dans la catégorie du meilleur film. Paru en DVD et en VSD mardi, ce fascinant drame de science-fiction n’est toutefois pas le premier long métrage mis en scène par un cinéaste d’ici à concourir pour la précieuse statuette. Les oeuvres suivantes ont en effet toutes figuré parmi les finalistes pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

LES INVASIONS BARBARES (2004) 3

Un jeune financier entreprend d’adoucir les derniers jours de son père, universitaire épicurien atteint du cancer.

En 1986, Denys Arcand lance le bal avec son excellent Déclin de l’empire américain, mais il est coiffé au poteau par le peu mémorable L’attentat de Fons Rademakers. Dix-huit ans plus tard, Arcand récidive et cette fois triomphe avec Les invasions barbares, brillante et émouvante suite du Déclin, qui a aussi gagné le César du meilleur film et le prix d’interprétation féminine à Cannes pour MarieJosée Croze, inoubliable en junkie ange de la mort.

INCENDIES (2011) 2

À la mort d’une employée de bureau montréalaise, née dans un pays du Moyen-Orient ravagé par la guerre civile, la fille de la défunte entreprend de retrouver son père, qu’elle croyait mort, pendant que son jumeau part à la recherche d’un frère dont il ignorait l’existence.

Avec cette adaptation lyrique, éminemment cinématographique, de la pièce de Wajdi Mouawad, Denis Villeneuve signe un drame déchirant sur l’horreur de la guerre et la force du pardon, porté par la bouleversante Lubna Azabal. Cette année-là, Villeneuve mord, hélas, la poussière, au profit de l’intéressant, mais inférieur, Un monde meilleur de Susanne Bier.

MONSIEUR LAZHAR (2012) 3

Un Algérien en attente du statut de réfugié se fait passer pour un résident permanent auprès de la directrice d’une école montréalaise, afin d’obtenir le poste de remplaçant d’une institutrice qui s’est pendue dans la classe de ses élèves de sixième année.

Philippe Falardeau ( Guibord s’en-va-t-enguerre ) réalise une adaptation intelligente et touchante de la pièce Bachir Lazhar d’Évelyne de la Chenelière, qui a révélé le talent de la jeune Sophie Nélisse ( Endorphine, 1:54). Cette fois, la défaite est plus honorable, le gagnant de l’Oscar étant Une séparation, l’extraordinaire drame social d’Asghar Farhadi ( Le client, présentement en salles).

REBELLE (2013) 3

En Afrique, le parcours d’une enfant-soldate qui, grâce à ses visions prophétiques, obtient au sein du groupe de rebelles qui l’a kidnappée le statut de sorcière.

Fruit d’une recherche colossale, ce puissant drame de guerre de Kim Nguyen ( Un ours et deux amants) s’articule autour d’un récit simple, qui dit tout sans effort apparent. Signalons aussi la mise en scène discrète et l’interprétation stupéfiante de vérité de la jeune Congolaise Rachel Mwanza. Malgré ces grandes qualités, l’académie a préféré le tout aussi poignant Amour de Michael Haneke ( Le ruban blanc).