Le Journal de Quebec - Weekend

DANS LA PEAU D’UN

HÉROS NATIONAL

- Marc-André Lemieux Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux @quebecorme­dia.com

Pierre-Yves Cardinal caressait deux rêves en début de carrière: jouer dans un film de hockey… et jouer dans un film d’époque. Voilà pourquoi on peut dire qu’en incarnant Jean Béliveau dans Béliveau, la mini-série événement du réseau Historia, le comédien réalise un doublé… à défaut d’un tour du chapeau. En entrevue au Journal, l’acteur discute des défis de camper un héros national à l’écran.

Jean Béliveau a toujours été considéré comme un homme bourré de qualités. Il était généreux, élégant, dévoué, respectueu­x, etc. Qu’avez-vous trouvé de plus inspirant chez lui? Tous les obstacles qu’il a dû surmonter pour atteindre ses buts et réaliser ses nombreux exploits. Il travaillai­t pendant qu’il était capitaine du Canadien. Il n’était pas prédestiné à devenir le porte-parole d’une grosse compagnie comme Molson. Parce qu’au début, parler en public, ce n’était pas quelque chose de naturel ou d’évident pour lui. Mais en y mettant les efforts, il y est arrivé.

Jean Béliveau jouit du statut de héros national au Québec. Tout le monde le respectait. Lui avezvous trouvé des défauts durant votre préparatio­n au tournage?

Ce n’était pas un homme de scandale. C’était un grand diplomate. S’il avait été politicien, il serait devenu premier ministre, j’en suis convaincu. Il avait une aura... Mais Jean Béliveau, c’était aussi quelqu’un de très timide. C’est un gars qui n’a jamais été capable de dire non.

Est-ce difficile de jouer un saint à l’écran? Avezvous craint qu’en tournant une série entière sur quelqu’un d’aussi parfait, vous risquiez d’ennuyer les téléspecta­teurs? Est-ce que c’est quelque chose qui vous a traversé l’esprit?

Au début, tu fais comme: «Est-ce qu’il pète sa coche quelque part? Est-ce qu’il fracasse un bâton sur le mur au 4e épisode?» Quand tu réalises que non, tu t’arrêtes un peu pour y penser… Mais Yvan Cournoyer m’a dit des choses qui m’ont rassuré. Il m’a dit que Jean, c’était un gagnant. Donc quand les choses allaient moins bien, il pouvait brasser ses joueurs. Derrière son image de gars en contrôle, il voulait d’abord et avant tout gagner. Donc quand il rentrait au vestiaire après deux périodes moyennes, il n’était pas de bonne humeur. Il n’était pas comme: «Bon, ce n’est pas grave, les gars. On va essayer de gagner la troisième.» Ça m’a donné le feu vert pour aller plus loin. Est-ce angoissant de jouer un héros national?

Le métier d’acteur, j’ai toujours trouvé ça stressant. Peu importe le rôle, quand je sens que c’est un grand défi pour moi, ça m’angoisse. Et pour faire baisser la pression, je fais toujours la même chose: je commence à travailler. Ça m’avait fait la même chose avant le tournage de Tom à la ferme de Xavier Dolan. Francis était un être infect. Mais pour bien l’incarner, je devais trouver l’humain derrière le monstre. J’ai donc cherché à savoir d’où il venait, etc. Pour Jean Béliveau c’était pareil: j’ai voulu trouver l’humain derrière la légende.

Comment vous sentez-vous à moins d’une semaine du début de Béliveau? Je suis nerveux. J’espère que Mme Béliveau va reconnaîtr­e son mari. J’espère qu’Hélène va reconnaîtr­e son père. J’espère que les gens vont embarquer. Mais une chose est sûre: tout le monde a travaillé fort. On a beau dire qu’on avait un gros budget, on a vraiment tout donné. Je n’ai jamais vu un plateau où les gens travaillai­ent autant. C’était sans relâche.

Comme acteur, les habits d’époque que vous deviez porter vous ont-ils aidé à cerner le personnage? Certaineme­nt. J’avais 140 looks différents. J’étais constammen­t en changement de costume! C’était hautement inspirant. Quand on tournait les scènes de hockey avec tout l’équipement de l’époque, c’était étrange. On avait vraiment le feeling de faire un voyage dans le temps!

Parlant des séquences de hockey, avez-vous pris plaisir à recréer les jeux en suivant des chorégraph­ies réglées au quart de tour? Oh que oui! Je suis un «tripeux» de hockey. Je joue trois fois par semaine. J’adore ce sport. Lors du tournage, j’étais sur la glace avec des anciens profession­nels. Entre les prises, ils me montraient des trucs, des feintes... Pour moi, c’était Disneyland! Je capotais! Mais physiqueme­nt, c’est le plus gros défi que j’ai relevé de toute ma vie. Parce que le hockey, c’est un sport explosif avec beaucoup de pauses. Dans un match d’une heure, le temps de glace cumulé n’est pas énorme. Mais pour tourner la série, on était sur la glace tout le temps. Il fallait faire le même jeu 15, 20 et même 30 fois avec la même énergie. On pouvait être là 10 heures par jour. Je n’ai jamais eu mal au corps de même. J’avais mal partout! C’était vraiment intense. Mais c’était malade pareil.

Historia présente la série Béliveau dès mercredi à 22 h. La chaîne est par ailleurs débrouillé­e jusqu’au 31 mars.

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