Le Journal de Quebec - Weekend
LE RÔLE D’UNE VIE
Béatrice Picard s’apprête à réaliser un rêve. La comédienne montera bientôt sur la scène du Théâtre Duceppe dans la relecture du classique Harold et
Maude. «Quand j’ai su qu’ils allaient présenter cette pièce, je me suis croisé les doigts pour avoir le rôle», évoque-t-elle en riant.
«Je rêvais de jouer ce personnage. Maude est un personnage qui a mon âge. Qui me ressemble. J’ai souvent joué des rôles de composition, mais cette fois-ci, il est beaucoup plus près de ma réalité. Bien sûr, son histoire n’est pas la mienne. Mais j’ai la même vitalité, la même combativité qu’elle», explique-t-elle.
«Maude est une femme qui a passé de très durs moments dans sa vie. À l’origine, elle était une comtesse. Puis, avec la guerre, elle a été internée à Auschwitz. Elle s’en est sortie, son mari est décédé. Et elle s’est battue pour différentes causes très nobles, comme la liberté et la justice», indique Béatrice Picard.
Désormais veuve, le personnage de Maude brise sa solitude en se rendant dans différentes églises pour assister aux funérailles d’inconnus. C’est ainsi qu’elle fait la rencontre d’Harold. Elle a près de 90 ans. Il en a tout juste 19. Mais des liens affectifs se tisseront tout de même entre eux.
Outre les sentiments qui finiront par unir les deux personnages, Béatrice Picard insiste sur la transmission de valeurs qui a lieu entre Harold et Maude. Alors qu’il est obsédé par la mort, elle célèbre la vie. Leur rencontre improbable teintera à jamais l’existence du jeune homme.
«Elle lui apprend tant de choses. Cette gentillesse, cette bonté qui l’habite va transformer la vie d’Harold», explique-t-elle.
UNE OEUVRE MODERNISÉE
C’est à une version actualisée du classique que les spectateurs auront droit. Même si les grandes lignes du récit demeureront les mêmes, l’intrigue se déroulera en 2017. Contrairement au film de 1971, dont l’oeuvre théâtrale s’inspire, téléphones cellulaires et tablettes électroniques seront utilisés par les personnages sur la scène du Théâtre Duceppe de la Place des arts.
«La mère d’Harold se sert de sites de rencontres pour trouver une copine à son fils. Alors c’est un environnement très actuel. En prenant la même histoire, mais en la plaçant dans un contexte moderne, on voit très bien qu’elle est tout aussi plausible. C’est une pièce qui traverse les époques», promet Béatrice Picard.
Rencontrée à moins de trois semaines du premier lever de rideau, la comédienne n’éprouvait aucune nervosité à l’idée de monter sur scène. Alors que d’autres artistes de sa génération ont préféré quitter la scène par peur de pertes de mémoire, Béatrice Picard est bien confiante.
«C’est plus long pour apprendre mes textes. Ça, je ne le cache pas. Mais la peur, c’est à l’étape des répétitions qu’elle se manifeste. Quand on commence les représentations, qu’on se retrouve devant le public, il ne reste plus que le plaisir de jouer», explique-t-elle.
«Et je connais le personnage par coeur. Alors, même si j’oublie un mot, j’en aurai aussitôt un autre qui me viendra à l’esprit pour poursuivre dans la même idée. Je ne crois pas que les gens vont s’en rendre compte», conclut-elle avec un sourire en coin.