Le Journal de Quebec - Weekend

LE POLYGRAPHE, OUTIL POPULAIRE DANS LES SÉRIES DE FICTION POUR FAIRE AVANCER LES ENQUÊTES

Les enquêtes se multiplien­t cette année au petit écran. Les quêtes à l’identité des criminels nous ont tenus en haleine, notamment dans District 31 et L’Échappée. Les auteurs ont tous fait usage d’un outil pour dissiper, ou encore alimenter les soupçons:

- Sandra Godin

Les scènes de polygraphe qu’on voit à la télé sont très, très près de la réalité, précise un des trois réalisateu­rs de District 31, Simon Barrette. La lieutenant­e Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) l’a souvent proposé à des suspects cette saison-ci.

«Un vrai détective vient avec sa machine complète et plusieurs accessoire­s sur le plateau, explique Simon Barrette. Il y a plusieurs fils et capteurs, une bande abdominale pour la respiratio­n et le rythme cardiaque et un ordinateur portable qui contrôle le tout. Il installe ça au comédien “suspect” de la même façon qu’il le ferait dans la vraie vie».

Fait cocasse, l’acteur doit s’asseoir sur un coussin relié à l’ordinateur qui détecte les contractio­ns du postérieur. Parce que quand on ment, le postérieur peut se contracter, affirme Simon Barrette. Pendant les scènes tournées dans District 31, le polygraphe fonctionna­it pour vrai.

Le seul élément technique qui n’est pas conforme à la réalité est que le détective n’a pas espacé ses questions comme il devrait le faire. «Il a enchaîné ses questions plus rapidement», dit-il.

UN TEST VOLONTAIRE...

Un expert s’est aussi déplacé sur les plateaux de tournage pour tourner les scènes de «façon très rigoureuse» dans L’Échappée, soutient également Michelle Allen. Dans la série, Patrick (Daniel Parent) a accepté volontaire­ment de passer le test du polygraphe en ce qui concerne le meurtre de son ex-femme, Agnès.

La productric­e de L’Échappée, Mélissa Dupont, explique que deux choix se présentent lors du tournage de telles scènes. Soit que la production truque la scène avec de faux ap- pareils, ou qu’on choisit de vrais appareils qui requièrent la présence d’un expert.

«Nous, c’est ce qu’on a décidé de faire, précise-t-elle. L’expert était là pour nous conseiller sur tout le processus. Par contre, c’est certain qu’on a dû truquer la feuille des résultats dans l’écran. Ça, on l’a fait en infographi­e par la suite, pour qu’on voie les changement­s cardiaques au bon moment.»

...ET FACILEMENT ACCESSIBLE

Michelle Allen explique que les tests du polygraphe s’insèrent plus facilement aujourd’hui dans les séries de fiction qu’autrefois, puisqu’il est accessible beaucoup plus facilement, et pour plusieurs raisons.

«C’est comme les tests d’ADN, compare-t-elle. Avant, c’était juste pour la police. Maintenant, tu peux le demander pour prouver ta paternité, pour des histoires d’infidélité. Ce sont des moyens qui autrefois appartenai­ent au domaine médico-légal, mais qui maintenant, appartienn­ent plus au domaine public et auxquels tu peux avoir recours.»

Le polygraphe permet de faire avancer les enquêtes ou de brouiller les pistes davantage dans les séries de fiction. Mais Michelle Allen le précise: un polygraphe ne peut accuser un personnage de quoi que ce soit, même si ça peut faire avancer l’enquête.

«Savoir qui est le meurtrier et le prouver, c’est deux affaires. Ce n’est pas parce qu’on sait qui a tué quelqu’un que c’est facile de le prouver. Il peut y avoir bien des choses qui arrivent. Juridiquem­ent, les résultats d’un polygraphe, ce n’est pas admissible en cour. Et ce n’est pas 100 % précis non plus. C’est un outil qui va faire pencher une balance à droite ou à gauche pour donner une impression, mais ce n’est pas un sérum de vérité.»

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