Le Journal de Quebec - Weekend

Avec Isabelle. Huppert,. « c’est comme. un rendez-. vous manqué » . .- Denys Arcand.

Denys Arcand n’est pas porté sur les regrets, mais quand il regarde la liste des grands acteurs qui sont passés sur ses plateaux, il ne peut s’empêcher de noter l’absence d’un nom: celui de son amie Isabelle Huppert.

- Cédric Bélanger

«C’est comme un rendez-vous manqué», a dit le cinéaste québécois, lors d’une entrevue accordée récemment au Journal.

Deux fois sacrée meilleure actrice au Festival de Cannes, gagnante de deux césars et nommée aux derniers oscars pour le film Elle, Isabelle Huppert fait pourtant partie du cercle des intimes de Denys Arcand. Mais l’occasion de tourner avec elle ne s’est jamais présentée, se désole ce dernier.

«On se connaît depuis l’époque du Déclin de l’empire américain, même avant. On s’est rencontrés dans des festivals. Mais je n’ai jamais rien eu pour Isabelle Huppert. C’est une actrice éblouissan­te. Je suis allé la voir avec Yves Jacques dans Les Fausses Confidence­s de Marivaux, à Paris, il y a deux ans. C’était incroyable. Ç’aurait été formidable. Je me dis toujours un jour, peut-être, mais le temps passe», confie M. Arcand.

LES CINÉASTES DU QUÉBEC

Le réalisateu­r oscarisé pour Les invasions barbares, qui dit travailler présenteme­nt à un scénario de film sur le pouvoir de l’argent, a avoué s’être fait remettre sur le nez une déclaratio­n faite au Journal, en 2014, à propos des difficulté­s éprouvées par le cinéma québécois au box-office.

Il avait alors soutenu que les ennuis aux guichets des films d’ici étaient attribuabl­es au départ pour les ÉtatsUnis de plusieurs de nos meilleurs ci- néastes, les Villeneuve, Falardeau, Vallée, Scott et compagnie. «Si vous enlevez les meilleurs joueurs des Canadiens, ils vont avoir de la difficulté à faire les séries», avait-il imagé.

«J’ai appris que des gens l’avaient mal pris. Ils se disaient: “pis moi???”, s’amuse M. Arcand.

«C’est la réalité, mais il y a du monde qui n’aime pas entendre ça. Des réalisateu­rs, on ne développe pas ça en tirant dessus. Le talent, il y en a ou il n’y en a pas. Il y a plein de bons jeunes au Québec. Sauf que nous ne sommes pas une grosse société. On ne peut pas lui demander d’être aussi productive que la société américaine. S’il y a cent bons cinéastes aux ÉtatsUnis et que cinq ou six ne travaillen­t pas une année donnée, ce n’est pas grave. Il y en a 80 autres en train de tourner. Au Québec, c’est tout petit. S’il en manque quatre ou cinq, le trou est plus béant.»

REVOIR SES FILMS

La rencontre avec Denys Arcand s’est déroulée au Musée national des Beaux-Arts du Québec, lors d’une projection spéciale suivie d’une séance de questions et réponses de Jésus de Montréal.

Comme c’est son habitude, M. Arcand n’a pas assisté au visionneme­nt. Il ne revoit que très rarement ses films. Sauf parfois, par hasard, comme ce fut le cas l’an dernier dans sa chambre d’hôtel de Toronto.

«J’ai allumé la télé et c’était un de mes films qui jouait. Comme ça faisait vingt ans que je l’avais fait, je ne m’en souvenais plus. Je ne me rappelais pas quelle séquence venait après quelle séquence. Alors, je le regardais avec plaisir, complèteme­nt détaché, comme si c’était le film de quelqu’un d’autre.»

Et vous l’aviez trouvé bon? lui a-t-on demandé.

«Oui, tout à fait. D’habitude, quand on finit un film, on ne l’aime pas tant que ça, on voit juste les défauts. Puis, quand le temps passe, on ne pense plus à ça et on voit le film tel qu’il est. Alors oui, ça marchait très bien.»

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