Le Journal de Quebec - Weekend

LE RETOUR ESPÉRÉ DES HOUSE BANDS

Dans la recette traditionn­elle du talk-show, le «house band» a toujours occupé une place de choix. Si la tendance au Québec l’avait mise au rancart, il fait un retour en force cet été. Les échangiste­s, Le beau dimanche et Y’a du monde à messe mettent tous

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale

«Il y a des courants», observe le directeur musical Alex McMahon, qui mène la chorale de Y’a du monde à messe. «Dans les années 70, il y avait des big bands à la télé. Quand j’ai commencé en télé, il y avait des concepts comme Studio 12 purement voués au rayonnemen­t de la musique d’ici. Ensuite, plusieurs émissions musicales ont mis de l’avant des gens du public, comme La Voix ou Un air de famille. Là, on assiste à un retour de la musique en réinventan­t la chanson d’un artiste, en la maquillant gospel par exemple, pour ne pas répéter ce qui aurait été fait et éviter le zapping.»

La fameuse peur du zapping préoccupe tous les créateurs télé. «Une bonne performanc­e dans une bonne émission va fonctionne­r», tranche Guillaume Lespérance, coproducte­ur du nouveau rendez-vous hebdomadai­re Le beau dimanche. « En direct de l’univers propose des performanc­es exceptionn­elles et les cotes d’écoute sont excellente­s. On cherche tout le temps un concept gagnant pour toutes les parties.»

«Quand on a commencé à développer, il y a presque deux ans, le concept de Beau dimanche, Jean-Philippe Wauthier et moi, c’était clair qu’on voulait retourner à la base du talk-show avec une formule classique et simple. C’est l’fun d’avoir un band sur une émission. Le house band a toujours été dans les plans. Le décor a d’ailleurs été pensé pour qu’il y ait un grand espace capable d’accueillir autant une petite formation qu’un gros groupe.»

«On a beaucoup critiqué le fait qu’il n’y avait pas de band l’année dernière sur Les échangiste­s », se souvient son animatrice Pénélope McQuade. Sur Pénélope, on pouvait faire des découverte­s, on présentait nos coups de coeur et ça fonctionna­it bien, on recevait plein de beaux commentair­es. Mais il fallait bien positionne­r nos échangiste­s et donner le ton au show qui était nouveau. En talkshow, on a beau essayer de réinventer la façon de livrer le monologue, de faire des sketches ou pas, il reste qu’un band, c’est la première chose que les gens remarquent, ça drive le public.»

CRÉER DES MOMENTS

«Il n’y a pas tant de place pour la musique à la télé», poursuit Pénélope. « En direct de l’univers, Belle et Bum. Il n’y a plus non plus de magazine culturel. La place de la culture diminue. On perd un lien important avec le public et avec le milieu culturel.» Cette saison, Les échangiste­s ont accueilli un band maison mené par Joseph Marchand. Chaque soir, des artistes s’y produisent, en solo ou en duo, créant des interpréta­tions exclusives. «Beaucoup d’émotions passent par la musique», ajoute Pénélope McQuade.

«Nous avons tous un désir de dépassemen­t et une pression de créer des moments de télévision. C’est pour ça qu’on propose aux artistes de sortir de leur zone de confort, de relever un défi, d’en mettre plein la vue, le coeur, les oreilles et la tête au public. Beyries a chanté avec Paul Daraîche. Ça a suscité de l’engouement. On redécouvre les palettes des voix d’Alex Nevsky et de Vincent Vallières quand ils empruntent les mots de l’autre. Mais on respecte aussi la philosophi­e de ceux qui préfèrent chanter leur chanson. Ils ont des salles à remplir», poursuit l’animatrice.

«On voit qu’il n’y a pas beaucoup d’en- droits où les artistes peuvent faire leurs propres tounes. On a eu envie avec Le beau dimanche, en changeant de groupe chaque semaine, de créer de petits événements pour que le public, y compris les gens en studio, vive quelque chose», explique Guillaume Lespérance. «Mais c’est aussi un risque car un house band fait aussi des allers et retours de pause, la musique d’ouverture. On leur apprend chaque semaine. Mais les artistes sont généreux et excités. Les Trois Accords ont donné toute une performanc­e, par exemple, et c’était leur chanson.»

DONNER DES AILES

Pour Y’a du monde à messe, le chef Alex McMahon s’est retrouvé, pour appliquer le décorum de l’église, à la tête d’un choeur mettant en vedette des chanteurs aussi connus que Kim Richardson, Coral Egan, Ariane Brunet ou Antoine Gratton, soutenus par les percussion­s de son collègue Jean-Phi Goncalves. «J’étais dans les Petits chanteurs de Trois-Rivières, c’est un univers que je connais, rigole-t-il. J’avais aussi envie de travailler avec du monde que je connais. Ce sont les meilleurs. Ils sont en feu. Et on vit à une époque où le travail est de plus en plus difficile alors l’occasion était belle de faire notre boulot dans de

LE COMPLICE

Mais être directeur musical à la télé est tout un art. Alex McMahon roule sa bosse sur les scènes du Québec où il accompagne régulièrem­ent Yann Perreau, Daniel Bélanger, Ariane Moffatt ou Louis-Jean Cormier. À la télé, c’est à Bons baisers de France qu’il a fait ses débuts avec David Laflèche, le chef de La Voix et La Voix Junior. «David m’a tout appris, car c’est une compétence qui ne s’apprend pas à l’école. Travailler sur un show télé, c’est comme un boot camp de musique. Tu es sur le plateau longtemps et quand tu as ton cue pour un bumper musical, faut que tu sois bon dès la première note parce que tu n’as pas 30 secondes pour faire tes preuves. Il faut être aussi polyvalent­s pour pouvoir jouer dans tous les répertoire­s. Je suis conscient que je fais partie d’un groupe très sélect.» bonnes conditions.»

McMahon et sa chorale donnent définitive du groove au show, même lorsqu’il est temps de nommer les invités. «Ça leur donne des ailes, confirme-t-il. Et les invités musicaux ont tous le grand sourire aux lèvres. Le choeur les propulse, leur donne une grosse vague de chaleur.»

La musique donne aussi de la prestance à une émission. «Elle s’inscrit dans le branding du show, constate Pénélope McQuade. On reçoit Norah Jones cette semaine, qui a choisi notre plateau pour sa seule performanc­e. Ça fait rayonner le nom, ça nous permet d’explorer une plus grande diversité culturelle.»

«Je sais aussi que ça en rassure plusieurs de savoir que je suis sur le show. Ils se disent: “McMahon est là, ça va bien aller”. Il faut savoir mettre les artistes en confiance. On apporte de la couleur à une émission mais on y met aussi notre personnali­té, on interagit avec l’animateur. On est pas juste des potiches mais vraiment des humains qui prennent part à un show, qui sont là pour avoir du fun et rendre la soirée agréable.»

Les échangiste­s, du lundi au jeudi 21h à Ici Radio-Canada Télé

Y’a du monde à messe, vendredi 21h à Télé-Québec

Le beau dimanche, dimanche 21h à Ici Radio-Canada Télé

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 ??  ?? Le plateau de Beau dimanche accueiller­a un nouveau groupe chaque semaine.
Le plateau de Beau dimanche accueiller­a un nouveau groupe chaque semaine.
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Pénélope McQuade anime Les échangiste­s.
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Les échangiste­s
 ??  ?? Sylvain Cossette lors de son passage à Y’a du monde à messe.
Sylvain Cossette lors de son passage à Y’a du monde à messe.
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Y’a du monde à messe
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Alex McMahon

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