Le Journal de Quebec - Weekend

LA CULTURE QUÉBÉCOISE RAYONNE À L’INTERNATIO­NAL

Depuis quelques années, le nombre de talents québécois qui brillent sur la scène internatio­nale a explosé. La culture québécoise est devenue, au fil des ans, un secteur qui contribue largement à définir l’image du Québec à l’étranger.

- SANDRA GODIN Le Journal de Québec sandra.godin @quebecorme­dia.com – Avec la collaborat­ion de Cédric Bélanger

Les Robert Lepage, Félix Leclerc, Céline Dion et le Cirque du Soleil ont pavé la voie depuis longtemps hors de nos frontières. Aujourd’hui, nos séries télé s’exportent, nos cinéastes ont conquis Hollywood, et les plus grands films américains comportent des effets spéciaux made in Québec. Sans compter des compagnies comme Moment Factory, qui a pignon sur rue à Tokyo et Los Angeles et qui a travaillé avec Madonna.

Du côté des arts de la scène, selon des chiffres fournis par le Conseil des arts et des lettres (CALQ), le nombre de représenta­tions offertes en France a augmenté de 59 % depuis dix ans. Tout comme nos chanteurs, plusieurs de nos humoristes sont bien établis en Europe. Même chose pour Messmer dont les salles sont toujours pleines.

LE RAP MADE IN QUÉBEC

Signe de la vivacité des produits musicaux québécois en France, les Dead Obies y amorcent une percée. Cette incursion française est significat­ive puisque, comme le signale Jason Bissessar, de la maison de disques Bonsound (Lisa LeBlanc, Safia Nolin), «le marché du rap est assez fermé» là-bas.

«Dans toutes les formes d’expression, la culture québécoise est quant à moi de plus en plus présente à l’internatio­nal», souligne pour sa part François Macerola, qui a successive­ment travaillé pour Téléfilm Canada, le Cirque du Soleil, la SODEC et aujourd’hui QuébéComm.

Les secteurs culturels qui déploient leurs tentacules sur les autres continents se sont diversifié­s au fil des ans, note la présidente de la SODEC, Monique Simard. C’est le cas des films d’animation et des effets spéciaux, entre autres.

Selon Mme Simard, la technologi­e numérique, particuliè­rement les appareils mobiles, a joué un grand rôle dans le rayonnemen­t de la culture québécoise à l’étranger. Le web a rendu accessible notre musique partout dans le monde, mais a aussi amené «d’autres mondes dans notre cour», bouleversa­nt ainsi les modèles d’affaires.

UNE CRÉDIBILIT­É CULTURELLE

Le marché étranger est aujourd’hui plus attentif qu’avant aux produits culturels québécois. Il est plus facile de négocier lorsqu’on a un produit québécois en main, selon les experts interrogés.

«La culture québécoise devient une carte de visite qu’on dépose facilement sur tous les bureaux des plus grands dans le monde», ajoute François Macerola.

«Le prix à payer pour rejoindre les marchés internatio­naux, c’est d’être profondéme­nt québécois, poursuit-il. Il ne faut surtout pas penser qu’en imitant des production­s européenne­s ou américaine­s, on va atteindre ces marchés-là. Il faut Dead Obies qu’on ait notre propre personnali­té.»

Le producteur Michel Trudeau, de chez Aetios (Ruptures, 30 vies, Blue Moon, Unité 9) pense la même chose concernant l’originalit­é d’une série, qui est «l’élément qui peut lui ouvrir les portes des marchés internatio­naux», a-til indiqué, ajoutant que la série Fortier avait été vendue un peu partout dans le monde et que la quotidienn­e 30 Vies avait trouvé preneur au Mexique et au Brésil.

Le Québec connecte peut-être plus facilement dans les milieux francophon­es de la planète, il n’en reste pas moins qu’il brille aussi ailleurs. La SODEC a d’ailleurs financé une tournée de quatre groupes québécois en Amérique latine au printemps dernier. «C’est un nouveau marché pour les arts de la scène», explique Monique Simard.

QUELQUES NUANCES

Claude Martin, un professeur de l’Université de Montréal expert de l’économie des industries culturelle­s, apporte toutefois des nuances.

Il faut, selon lui, parler de talents québécois qui s’exportent, plutôt que de produits culturels. On peut prendre l’exemple de Big Littles Lies, une série avec Nicole Kidman réalisée par JeanMarc Vallée. Elle a été conçue par un Québécois, mais la série, elle, ne l’est pas. On peut aussi penser à nos acteurs et actrices qui mettent leur talent au service de réalisateu­rs étrangers, comme Suzanne Clément dans la série Ver-

sailles, et Karine Vanasse dans Revenge. «C’est bien les Xavier Dolan, Denis Villeneuve et autres, mais combien de films québécois ont eu une carrière en France l’année passée?» se questionne­t-il.

Cela dit, il concède que «nos cinéastes ont réussi quelque chose d’extraordin­aire à Hollywood. Maintenant, avant qu’on passe un film québécois sur le marché américain, ça va être long», soutient-il. Malgré le récent succès du bouquin,

La femme qui fuit, d’Anaïs Barbeau-Lavalette de l’autre côté de l’océan, il évoque également la difficulté pour nos écrivains de percer le marché littéraire en France, un «marché noyé» de livres, selon lui.

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Messmer
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Suzanne Clément dans la série Versailles
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Anaïs Barbeau-Lavalette
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