Le Journal de Quebec - Weekend
TOUJOURS PLUS NUL
Il faut quand même rendre à Michael Bay ce qui lui appartient: il réussit le tour de force de faire pire à chaque nouvel épisode de cette interminable saga des Transformers.
Il faut avouer que, pour ce tout nouveau volet, le réalisateur a été pris d’une légère folie des grandeurs. Avec son budget de 260 millions $ et ses 149 minutes, Le dernier chevalier repousse, avec un soin égal, les limites de l’assommant en ce qui a trait à son scénario, composé de trois sous-intrigues qui finiront par se rejoindre à grands coups de fil blanc.
La séquence d’ouverture nous transporte sur un champ de bataille du Moyen Âge, où le roi Arthur et ses preux chevaliers tentent de repousser une invasion. L’enchanteur Merlin (Stanley Tucci) fait alors appel à un Transformer échoué sur Terre et lui confie un bâton de magicien, doté de pouvoirs spéciaux. De nos jours, Sir Edmund Burton (Anthony Hopkins, dont la présence ne parvient pas à donner une quelconque crédibilité à cet amoncellement de métal) et sa fille Viviane Wembly (Laura Haddock aux faux airs de Megan Fox) feront tout pour retrouver l’artéfact.
Optimus Prime étant parti à la recherche de son créateur, la guerre fait rage sur Terre entre les Autobots et les Decepticons. Les humains ayant décrété que tous les Transformers étaient désormais interdits, la Transformers Reaction Force (TRF), littéralement, la Force de réaction aux Transformers, menée par le sémillant William Lennox (Josh Duhamel), pourchasse les robots.
Toujours aussi musclé et décoiffé, Cade Yeager (Mark Wahlberg), par contre, refuse de laisser tomber ses anciens alliés et les aide à lutter contre les Decepticons. Dans un Chicago en ruines, il fait la connaissance d’Izabella (Isabela Moner), orpheline de 14 ans qui s’est liée d’amitié avec les Autobots.
Avec une phrase aussi creuse qu’«Il ne peut y avoir de victoire sans sacrifice», prononcée d’une manière sentencieuse dès le début du long métrage, on se dit que la suite va être d’une lourdeur peu commune. Et Michael Bay ne déçoit pas là non plus, malgré quelques tentatives – parfois maladroites, parfois réussies – d’intégrer des plaisanteries à ce Dernier chevalier.
Pour divertir les cinéphiles en mal de robots, le cinéaste et les trois (!) scénaristes ont parsemé leur pensum de nouvelles ma- chines, dont la seule utilité est d’allonger artificiellement cette production déjà indigeste tout en faisant étalage de l’argent dépensé en effets spéciaux. Nul doute que les admirateurs inconditionnels de cette orgie de ferraille apprécieront cette suite de scènes à grand déploiement. Les autres ne pourront s’empêcher de calculer mentalement, avec un soupir de découragement, à combien de Wonder Woman ils auraient pu avoir droit pour le même budget de production.