Le Journal de Quebec - Weekend
CHIMÈRES, GARGOUILLES ET BOSSU
Notre-Dame fait la fierté de Paris. Du haut de ses 1000 ans, elle pourrait vous en raconter, de l’histoire, du Bossu de NotreDame au sacre de Napoléon, tout en n’oubliant pas la Libération avec le général de Gaulle.
Quand on grimpe dans ses tours, on est confronté à d’étranges créatures sculptées. Je revois encore Anthony Quinn, dans le rôle du bossu du temps de mon enfance, jeter de l’huile sur les protestataires en bas… Et tout autour de lui, il y avait ces étranges sculptures, dont certaines servent à évacuer l’eau de pluie par leurs gueules béantes. Ce sont les gargouilles, et les autres, qui ont été rajoutées par la suite, que l’on appelle les chimères.
Le chrétien d’Amérique s’étonne de trouver de tels personnages, mi-bêtes, mi-humains, à l’air démoniaque, sur le toit d’une église. Qu’est-ce que cet imaginaire lugubre vient faire dans un lieu de culte? Il faudrait le demander aux gens du Moyen Âge qui aimaient faire raconter toutes sortes de merveilles à ses cathédrales. N’oublions pas non plus que le 19e siècle, qui a tant idéalisé et aimé le Moyen Âge, a ajouté sa touche à la cathédrale… surtout après que Victor Hugo l’eut remise à la mode!
Il faut dire que vers l’an 1000, la cathédrale, c’était le lieu de culte par excellence. Les vitraux, la statuaire, les murs, les boiseries, tout devait «parler» et rappeler un événement biblique ou historique.
Et comme pour ajouter à cette réputation de mysticisme, il y a au rez-de-chaussée un minuscule musée ouvert uniquement le premier vendredi du mois, où l’on voit la (soi-disant) sainte couronne ayant servi à coiffer le Christ, pour l’humilier avant sa crucifixion.
Si l’accès à ce qui était jadis le joyau du trésor de Notre-Dame de Paris est limité à un jour par mois, c’est parce que l’Église ne mise plus sur cette «gugusse» douteuse (il y a d’autres prétendues saintes couronnes ailleurs) pour attirer des millions de gens.