Le Journal de Quebec - Weekend

SURVOL D’UN QUART DE SIÈCLE D’INFORMATIO­N

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec

En 25 ans comme chef d’antenne à TVA, Pierre Jobin a annoncé des milliers de nouvelles aux gens et a été le témoin direct de plusieurs grands événements, ici comme ailleurs. Bilan en quelques mots d’un quart de siècle d’informatio­n.

RIVALITÉ CONJUGALE

Quand Pierre Jobin a quitté TQS pour TVA à Québec

(photo 2), il est devenu le rival direct de... sa blonde Josée Turmel, chef d’antenne chez le Mouton noir (surnom de TQS à l’époque). Le premier BBM après son transfert, qui donnait l’avance à TQS, avait provoqué bien des taquinerie­s à la maison. « Je t’ai battu Jobin », lui lançait Turmel. La réplique, relatée avec le sourire, était cinglante. « C’est moi qui a monté le bulletin avec la gang au cours des dernières années. Tu es arrivée et tu as continué ce que j’avais parti. Calme-toi le pompon et fais tes classes. »

DES DÉCÈS QUI ÉBRANLENT

« Un homme aimé, un père de famille, un collègue apprécié... » Pierre Jobin a vécu son moment le plus difficile quand il a dû annoncer aux téléspecta­teurs le suicide de son collègue Gaétan Girouard (ci-contre), le 14 janvier 1999. « Je refoulais mes sanglots », se souvient-il. La tâche avait aussi été ardue, quelques années plus tôt, lorsque Marie-Soleil Tougas (photo 1) avait péri dans un écrasement d’avion. « Nous avions passé quelques jours ensemble lors du tournage de Fort Boyard, en France. »

UNE ENTREVUE MÉMORABLE

Céline Dion, en 2008, après son concert sur les plaines d’Abraham. Et donc après celui de Paul McCartney. « On sentait bien que Mme Dion et son équipe n’appréciaie­nt pas que l’organisati­on du 400e ait invité le chanteur britanniqu­e. Elle a fait d’ailleurs une sortie exclusive avec moi et un peu explosive après le spectacle », se rappelle M. Jobin.

DU HAUT DES AIRS

En plus d’adorer son métier, Pierre Jobin est un passionné d’aviation (photo 3). Il adore survoler la ville. « Tu vois que la région grossit sur chaque rive. Québec est rendue une grosse ville. » Du haut des airs, il a été témoin de la hausse du trafic. « Depuis sept ou huit ans, on sent qu’il y a plus de circulatio­n. » Évidemment, comme il est lui-même pilote, Pierre Jobin peut apporter un éclairage différent lorsque survient une tragédie aérienne. « Dans le cas de Jean Lapierre, j’en ai fait l’analyse en ondes, car il y a des principes de base de l’aviation que je connais et que je peux partager. En mettant des bémols parce que c’est le travail du Bureau de la sécurité des transports d’enquêter, je ne m’étais pas trompé sur l’écrasement de Saint-Hubert ni celui de Jean Lapierre. »

LA RADIO

Au plus fort du conflit qui a opposé CHOI-FM et le CRTC, Pierre Jobin a souvent été la cible des attaques des animateurs de Radio X. Il avait même poursuivi au civil CHOI et Jeff Fillion. Ces derniers avaient répliqué avec une autre poursuite. En entrevue, M. Jobin préfère ne pas revenir sur ces événements. Mais il convient que le climat radiophoni­que est beaucoup plus sain. « La radio critique toujours, et c’est bien qu’elle le fasse, mais je pense que ça se fait dans un plus

grand respect des individus. »

DES OFFRES EN POLITIQUE

Personnage en vue, Pierre Jobin serait une prise de choix pour un parti politique. « On m’a déjà contacté souvent. Est-ce que je ferais de la politique un jour ? Peut-être. Jean Lapierre, qui était un bon ami, me disait souvent que la politique, tu fais ça quand t’es jeune, tu fais ça quand t’es vieux, mais pas entre les deux. » Le journalist­e ne croit pas qu’il se laissera séduire tant que ses trois enfants ne voleront pas de leurs propres ailes. « C’est un métier très critiqué. Les attaques sont très virulentes sur les réseaux sociaux. Les gens qui t’entourent doivent avoir une bonne carapace. »

DES SCOOPS

Le ministre Yves Bolduc quitte la poli

tique : « Il était 7 h 15. J’allais déjeuner avec ma fille au restaurant quand j’ai eu l’informatio­n sur laquelle je travaillai­s depuis la veille. J’ai envoyé ça sur Twitter. Ce fut une explosion de retweets et d’appels. Je faisais des entrevues à la table. » La démission de Marcel Aubut : « Je suis allé à la salle de bain durant la nuit et j’ai eu un message d’un contact qui me disait : “Call me.” Il était 1 h 45 du matin. C’était Marcel Aubut qui démissionn­ait du Comité olympique canadien. Je l’ai tweeté à 3 h. Avec les cellulaire­s, t’es sur le gun 24 heures sur 24. »

DES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS

La tragédie des Éboule

ments (photo 4): « Ce matin-là, je parlais tout bonnement avec une amie urgentolog­ue au téléphone. Elle m’a dit : je vais être obligée de te laisser, ça fait 15 fois que ma pagette sonne et je dois partir, il y a plein de blessés. C’est là que j’ai découvert l’ampleur du drame. Je suis sauté dans ma camionnett­e personnell­e pour me diriger vers le lieu. » La tuerie de la mosquée : « Un dimanche soir, alors que tout le monde pense à aller au dodo. Spontanéme­nt, je suis parti et j’ai passé cinq jours dans le banc de neige pour couvrir ça. » Le décès d’Andrée Boucher: « Je remplaçais François Paradis le midi quand on a reçu les premières indication­s qu’elle serait décédée. C’était particulie­r de vivre le décès d’une personne au pouvoir. » La prostituti­on juvénile: « Cela a créé un climat de suspicion à l’endroit de plusieurs personnes de tous les niveaux à Québec. Je pense qu’on l’a bien couvert, on a été très présents. Québec la pure a été ébranlée. » Le 400e : « En 2008, Québec a retrouvé sa fierté après la prostituti­on juvénile. Avant, le climat était morose, on se sentait “loser”. C’est Paul McCartney qui a changé la donne. Le monde entier a vu que McCartney acceptait de venir chanter sur les Plaines. »

Le Centre Vidéotron : « Il y avait des pour et des contre. Je dirais qu’il y avait plus de pour parce qu’il y avait la promesse d’une équipe de hockey attachée au projet. »

PIERRE JOBIN À PROPOS DE...

Jean Pelletier : « De mémoire, il m’a accordé sa dernière entrevue. Il se savait condamné. C’est mon entrevue la plus délicate en carrière. »

Jean-Paul L’Allier : « Très ouvert et très démocrate. Il acceptait la critique en défendant ses points. »

Andrée Boucher : « Si on faisait un reportage le soir, elle appelait le lendemain et faisait sa maîtresse d’école. Parfois, elle avait raison, parfois on maintenait nos positions. »

Régis Labeaume : « C’est un style différent. Il accepte un peu moins la critique. Ça fait partie du personnage et ça ne nous empêche pas de faire notre travail. Il commence à s’assagir. »

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