Le Journal de Quebec - Weekend

LE RAP QU’IL FAUT ÉCOUTER PLUSIEURS FOIS

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec

Quand ils ont mis les pieds en dehors de la folle troupe d’Alaclair Ensemble pour lancer l’album XXL, en 2014, le rappeur Eman et le producteur Vlooper ne comptaient pas pousser plus loin ce projet. Mais des critiques unanimes et le fait de remporter le Félix d’album hip-hop de l’année, ça peut changer des plans.

Voilà donc le duo de Québec Eman X Vlooper de retour avec un nouvel opus sous le bras, La joie. « Quand on a sorti

XXL, on se doutait de l’impact que ça aurait, mais ce n’était pas nécessaire­ment prévu d’en faire un deuxième », a indiqué Vlooper, lors d’un entretien que les deux artistes ont accordé au Jour

nal, sur les berges de la rivière SaintCharl­es, près de leur port d’attache dans Limoilou.

Lancé le 25 août, La joie a reçu un bon accueil même s’il a désarçonné quelques fans. Moins accessible que son prédécesse­ur, il faut mettre du temps pour bien s’imprégner.

« Le commentair­e que je reçois le plus souvent, c’est que la première écoute surprend. Il faut l’écouter plusieurs fois pour rentrer dedans. Dans le rap actuel au Québec, il y a une recette qui fait que ça se ressemble beaucoup d’un artiste à l’autre. On voulait éviter ça, même si on apprécie et on écoute cette musique à fond. On voulait envelopper ça d’une autre manière. Aller dans les mêmes BPM sans viser le gros beat », analyse Eman.

LE NARRATEUR JOURNALIST­E

À la compositio­n, les deux compères se divisent le boulot. La musique est l’affaire de Vlooper. Eman se charge de mettre des mots sur ses beats en s’inspirant principale­ment de son quotidien.

« On a fait l’album sur deux ans et j’ai remarqué que lorsqu’il arrivait au studio avec une nouvelle chanson, ça suivait des trucs qu’on avait vécus ensemble dans la semaine d’avant, par exemple quelqu’un qui se confie durant un party. Il est comme un narrateur journalist­e de notre petit monde », observe Vlooper dans une analyse du travail d’Eman.

« On se tient avec des personnage­s colorés. Chaque jour, tu peux apprendre des histoires loufoques », ajoute Eman.

LE FRANGLAIS

Comme XXL et bien d’autres créations de la fraternité du rap québécois, le franglais domine dans La joie. Les mots en français sont cependant assez nombreux pour répondre aux critères des organismes qui versent les subvention­s aux artistes.

« On a fait l’oeuvre puis on a apporté deux ou trois ajustement­s parce que ça ne passait pas. Mais d’emblée, je ne voulais pas changer mon écriture à cause de ça », dit Eman.

Même si la règle qui stipule que 70 % du contenu doit être en français peut s’avérer contraigna­nte, les deux artistes de Québec sont loin de s’en insurger. Elle a même du bon.

« Nous n’avons pas de position par rapport à cette question, dit Vlooper. Oui, ça nous affecte personnell­ement, mais ça nous fait aussi penser à mettre plus de contenu francophon­e. »

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PHOTO STEVENS LEBLANC

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