Le Journal de Quebec - Weekend

« C’est mon album le plus travaillé »

Le succès de l’album Panorama en 2015 et l’imposante tournée qui a suivi ont donné les moyens à Tire le Coyote de s’accorder une pause pour la toute première fois, pour écrire un album. Un processus qui l’a plutôt déstabilis­é, mais qui lui a permis de pon

-

SANDRA GODIN Le Journal de Québec

Avec sa voix unique et une plume toujours aussi acérée, il plonge avec Désher

bage dans ses angoisses, ses peurs, et le temps qui passe avec des chansons folks enlevantes et des textes encore magnifique­ment écrits.

« J’ai fini la tournée de l’album précédent en septembre 2016, raconte-t-il sur la terrasse d’un café à deux pas de chez lui, à Limoilou. C’était la première fois de ma vie que je pouvais me donner, financière­ment, une période de temps où je ne fais rien d’autre qu’écrire. J’ai écrit jusqu’à Noël. »

Benoît Pinette, dont le projet Tire le Coyote existe depuis près de 10 ans, avoue que c’est pourtant l’album qui a été le plus difficile à faire. Habitué à écrire spontanéme­nt entre les spectacles et habité par la peur de décevoir après le succès de la tournée précédente, il avoue s’être mis beaucoup de pression.

« Avant, j’arrivais à la fin d’une tournée et j’avais déjà au moins la moitié d’un album de fait, mais là, je suis arrivé en septembre dernier et je n’avais rien. J’ai eu une espèce de vertige de création. Rendu à un quatrième album, tu ne veux pas faire la même chose. Quand tu finis par réussir après plein d’années de travail à vivre de ça, tu n’as pas le goût que ça s’arrête. La dernière tournée s’est tellement bien déroulée, que je ne voulais pas décevoir. »

L’ANGOISSE, LA PEUR, L’ENFANCE

Écrire de façon moins instinctiv­e l’a amené à emprunter de nouveaux chemins, comme lorsqu’il explore l’enfance, un thème qui revient constammen­t dans son nouveau bouquet de chansons. « J’ai deux enfants qui ont cinq et sept ans. Le fait d’élever des enfants te ramène beaucoup à ta propre enfance. Des fois, j’agis avec eux comme j’aurais voulu qu’on agisse avec moi », confie-t-il.

On ressent à travers l’album son angoisse du temps qui passe. « J’essaie de faire le pont entre le passé et le futur, pour essayer de stabiliser le présent. Ça paraît difficile de le dire, mais vivre l’instant présent, c’est vraiment difficile. »

Pour apaiser ses angoisses, Tire le Coyote, qui ne cache pas son anxiété constante face à l’avenir, va souvent à L’Île-aux-Coudres visiter un de ses bons amis, tétraplégi­que, qui a combattu deux cancers. Il lui a écrit la magnifique chanson Le ciel est backorder pendant qu’il était à l’hôpital l’an dernier.

« Moi qui ai souvent des peurs irrationne­lles, d’avoir un gars qui a traversé ces épreuves-là, qui est positif et qui profite de la vie, et qui est dans l’instant présent, ça me fascine. Juste jaser avec lui tout un après-midi, ça me ramène terribleme­nt. »

TASSER LE COUNTRY

Côté musical, on entend moins les influences américaine­s de l’artiste sur ses albums précédents. « Mon but premier était de tasser le côté country et racines américaine­s, avoue-t-il. Je suis un grand fan de folk, je voulais qu’on sente que les chansons viennent d’une guitare acoustique. »

Il a aussi choisi d’inclure la relecture de Video Games, de Lana Del Rey, qu’il avait fait dans le cadre de l’émission

Tandem à Radio-Canada. « Ça m’a pris du temps avant de décider de l’inclure dans le disque. C’est la partie facile pour les radios de juste passer une reprise parce que c’est une toune déjà connue. Je ne voulais pas que ça fasse ça. »

UNE POCHETTE AUTOMNALE

Comme pour ses albums précédents, Tire le Coyote a de nouveau fait appel à l’artiste visuel Martin Bureau pour la création de sa nouvelle pochette aux couleurs automnales.

Il ne lui a fourni, pour seule inspiratio­n, qu’un précipice qu’il a vu dans Lanaudière « où il y a des vieux chars, des frigidaire­s, des divans. Dans les années 1950, 1960, les gens jetaient ça dans les ravins, et c’était réglé, c’était comme une poubelle. À travers ça, les arbres ont poussé. Et je trouvais ça beau l’image de ce qui pousse à travers les vieux objets. Je savais que Martin allait faire quelque chose de réfléchi. » Tire le Coyote est co-porte-parole avec Klô Pelgag de la 22e édition des Francouver­tes, qui auront lieu en février prochain. Tire le Coyote entame une grande tournée dès le 6 octobre. Pour toutes les dates, visitez tirelecoyo­te.com

 ??  ?? Tire le Coyote s’est accordé beaucoup de temps pour écrire son quatrième album (mortaise), dont la pochette a été réalisée par Martin Bureau.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS
Tire le Coyote s’est accordé beaucoup de temps pour écrire son quatrième album (mortaise), dont la pochette a été réalisée par Martin Bureau. PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS

Newspapers in French

Newspapers from Canada