Le Journal de Quebec - Weekend

« UN BEAU MODÈLE PATERNEL ET MASCULIN »

— Roy Dupuis

- CÉDRIC BÉLANGER

Lorsqu’il a finalement accepté de plonger dans l’univers de son célèbre papa, Félix Leclerc, et d’adapter son roman Pieds nus dans l’aube pour le grand écran, une chose était claire dans la tête de Francis Leclerc : il ne voulait personne d’autre que Roy Dupuis pour incarner celui qui était son grand-père dans ce récit autobiogra­phique qui raconte une année dans la vie du jeune Félix, 13 ans.

« Avant même l’écriture (du scénario), je voulais que ce soit Roy. Il était le noyau de tout le projet. Je me doutais bien qu’il n’allait pas me dire non », confie le cinéaste.

Ça se comprend. Les liens entre Francis Leclerc et Roy Dupuis remontent à loin. Le ténébreux acteur incarnait le vétérinair­e Alexandre Tourneur dans

Mémoires affectives, le second long métrage de Leclerc qui avait remporté trois prix Genie et quatre Jutra, en 2005. Dupuis avait été sacré meilleur acteur lors des deux cérémonies.

Il avait aussi un rôle dans le film suivant de Leclerc, Un été sans point ni coup sûr.

DEVOIR DE MÉMOIRE

Rencontré avant la première mondiale de Pieds nus dans l’aube, le mois dernier, au Festival de cinéma de la ville de Québec, Roy Dupuis a de son côté affirmé qu’il aurait dit non à la propositio­n si un autre réalisateu­r que Francis Leclerc avait été à la barre du film.

D’autant plus qu’il est dans une période de sa vie où il peut se permettre de choisir ses projets. « Je ne cours pas après la job pantoute », lance celui qui a reçu le scénario pour qu’il le lise le jour de sa fête.

« Pour que Francis décide de prendre une histoire de son père et qu’il en fasse un film, c’est parce qu’il y avait pensé longtemps. C’était quelque chose d’important pour lui et je savais donc que ça deviendrai­t un objet particulie­r. De plus, j’ai énormément confiance au talent de Francis. »

Son autre motivation tenait au sujet, Félix Leclerc, le poète de l’île d’Orléans, « un personnage important de notre culture ». Il y voyait une sorte de devoir de mémoire.

« Dans ce temps-là, j’ai tendance à me botter le cul. Je considère que c’est important de ne pas oublier d’où on vient. On ne connaît pas beaucoup notre histoire et ça peut nous porter à faire de mauvais choix, autant dans notre vie personnell­e qu’en tant que nation. »

UN PAPA COMME ON EN VOIT TROP RAREMENT

C’est ainsi que Roy Dupuis est devenu Léo Leclerc, papa du jeune Félix, 13 ans, en 1927. Préadolesc­ent de La Tuque, on suit celui qui allait devenir un de nos plus grands artistes alors qu’il fait l’expérience de l’amitié, de l’amour et de la mort durant l’année qui précède son départ vers Ottawa, où il poursuivra ses études.

À ses côtés, Dupuis campe un père de famille aimant, qui veille avec bienveilla­nce et fermeté sur l’éducation de ses enfants. Léo Leclerc dialogue avec eux, leur fait découvrir la rude vie de bûcheron et les traite avec tendresse.

« Peut-être que je me trompe, mais j’ai l’impression que des figures paternelle­s solides et saines, il n’y en a pas beaucoup dans notre cinéma et à la télé dernièreme­nt. Ce n’est pas un alcoolo, il ne trompe pas sa femme, il ne la bat pas. Ce n’est pas le mouton à la maison. Je trouve que c’est un beau modèle paternel et masculin. Le cinéma a quand même ce rôle, une fois de temps en temps, d’établir des modèles. »

BIEN DIFFÉRENT D’OVILA

Bref, nous sommes loin de son fameux Ovila Pronovost des Filles de Caleb. Le parallèle, facile à établir face à deux personnage­s de père de famille du début du 20e siècle, fait réagir Roy Dupuis.

« Ce n’était pas du tout la même énergie. Ovila était beaucoup plus troublé, plus sombre. Il a fait ce qu’il voulait dans la vie. Cela dit, je n’ai pas pensé du tout à Ovila pendant le tournage de Pieds nus dans l’aube. »

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Les comédiens Roy Dupuis et Justin Leyrolles-Bouchard, de même que le réalisateu­r Francis Leclerc.

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