UNE TOUCHE DE MODERNITÉ LATINE

Dans dix, vingt ou trente ans, le Québécois d’origine latine Boogát espère qu’on écoutera encore son nouvel album, San Cristobal Baile Inn, et qu’il sonnera encore actuel.

Le natif de Beauport fait même un parallèle avec de grands peintres pour décrire les ambitions musicales de son nouveau-né, sur lequel cohabitent des styles typiquement latins (dancehall, cumbia, reggaeton) avec le hip-hop.

« Quand tu regardes Picasso, tu sais que ça vient des années 30 ou 40. C’est daté. Alors que Dali, c’est intemporel. C’est en allant chercher une modernité qui se fond dans le traditionnel que tu arrives à cet endroit. Sur ce disque-ci, après deux ou trois

tounes, on s’est rendu compte qu’on était en train de revisiter des styles classiques qu’on aime en les modernisant », affirme le sympathique Boogát, de son vrai nom Daniel Russo Garrido. Pour arriver à ce résultat, Boogát n’est pas resté terré dans un sous-sol au Québec. San Cristobal Baile Inn, dont les deux meilleures portes d’entrée sont Mezcalero Feliz et Eres una

bomba, a été écrit et composé à Mexico durant un séjour d’un an au pays de sa maman (son père est Paraguayen) avec la petite famille.

Après El Dorado Sunset et Neo-Reconquista, c’est son troisième album entièrement en espagnol, mais « c’est la première fois que ma tête et mon corps étaient là bas ». « C’est aussi la première fois que je ne demandais pas si j’étais une fraude. T’sé, tu fais de la musique d’Amérique latine pis t’essayes de faire quelque chose qui vient d’ici en même temps. Mais ça ne vient pas d’ici la musique latine », observe Boogát.

IDENTITAIRE

Ce voyage au Mexique n’a d’ailleurs pas seulement connecté Boogát avec ses racines artistiques. Il a aussi sonné comme une recherche identitaire pour ce fils d’immigrants qui s’avoue peu intéressé par la culture de sa province natale. « J’ai accepté que je ne suis pas un Québécois de culture québécoise. J’ai beau faire des pieds et des mains… Est-ce que je vibre quand j’écoute La bottine souriante, se passet-il quelque chose quand j’écoute Alys Robi, est-ce que je trouve ça beau Félix Leclerc, est-ce que ça réveille des souvenirs de mon enfance ? Non,

dude, ça n’a jamais joué chez nous. » Boogát sera en concert le 11 novembre, au Théâtre Fairmount de Montréal. Le 25 novembre, il sera au Cercle, à Québec.