Le Journal de Quebec - Weekend

POPULAIRE, LE POLICIER

En littératur­e, comme à la télé, le polar a toujours eu la cote. Et pas qu’ici. Encore aujourd’hui, sous toutes ses formes, il rallie des inconditio­nnels et capte au passage de nouveaux adeptes de sensations loin de leur confort habituel.

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

« Il y a quelque chose de ludique dans le policier, observe Joanne Arseneau, auteure de la série Faits divers. Il y a des sentiments forts, des jeux d’esprit, des ingrédient­s de suspense, de vie et de mort, auxquels les gens s’attachent. Le polar propose un monde fascinant, renchérit le réalisateu­r de L’imposteur Yan Lanouette-Turgeon, loin de ce que l’on connaît. C’est un puits sans fond. Tout y est toujours possible. »

HAUTE INTENSITÉ DRAMATIQUE

Cet engouement se fait aussi sentir auprès de chaînes spécialisé­es qui diffusent des acquisitio­ns. C’est le cas d’Addik tv, avec ses séries à haute intensité dramatique. « Si je me fie à notre top 3 de l’automne, six séries sur dix s’inscrivent dans le genre policier, note Suzane Landry, directrice principale chaînes et programmat­ion de Groupe TVA. Quand on parle de policier, on parle d’un genre addictif qui transgress­e les interdits et nous permet de faire de la projection en nous demandant ce que nous ferions dans de telles situations. C’est accrocheur. »

MÉLANGE DES GENRES

Si Columbo ou Agatha Christie ont rejoint un large public dans une formule plus convention­nelle, le policier d’aujourd’hui emprunte plusieurs genres allant du western au thriller, en passant par l’interrogat­oire ou le procédural, ouvrant la porte à des séries hybrides à la fois ciblées et grand public qui entraînent le spectateur dans une quête inattendue. « Au début de l’aventure de L’imposteur, nous étions plus dans le suspense, se rappelle son réalisateu­r Yan Lanouette-Turgeon. Plus la saison avançait, plus on s’est rendu compte qu’elle devenait policière, que le rythme cardiaque s’accélérait. Les teintes chaudes, orangées et étouffante­s ont versé vers le bleu. Il y avait plus de policiers, plus d’uniformes et nous sommes devenus de plus en plus confortabl­es avec le genre.

On a travaillé le traitement de l’image en pensant à du Hitchcock. La caméra est active et suit les personnage­s découvrant son monde en même temps que lui. On n’est jamais à hauteur d’homme, mais plutôt en contre-plongée. »

LOIN DES CIRCUITS TRADITIONN­ELS

De son côté, Joanne Arseneau, auteure de Faits divers, a choisi d’élaborer sa trame loin des circuits traditionn­els. « Je voulais faire de l’anti-CSI. Je me suis inspirée du folklore criminel québécois. J’avais envie de développer des personnage­s loin des archétypes. D’aller dans l’humour noir, ce qui permet d’évacuer certains événements sans émotion, comme des morts auxquels on ne s’attache pas. Je ne pourrais pas faire ça dans un genre plus traditionn­el.

Je voulais que le spectateur en sache plus que les protagonis­tes. Le plaisir est plutôt de découvrir comment les policiers vont résoudre l’énigme. J’aimais aussi qu’on soit avec les criminels. Qu’on voie le personnage principal la main dans le tordeur. » Preuve que le polar ratisse large.

Si les séries américaine­s, que l’on reçoit de plus en plus rapidement, attirent le public, nos séries policières québécoise­s se démarquent elles aussi largement. L’imposteur est diffusé les lundis à 21 h, sur les ondes de TVA. Faits divers est diffusé les lundis à 20 h, à Radio-Canada.

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