Le Journal de Quebec - Weekend

UN ADOLESCENT (PRESQUE) COMME LES AUTRES

Presque trente ans après son décès, Félix Leclerc arrive encore à nous toucher. Ces jours-ci, c’est par le truchement de son fils Francis, artisan d’une émouvante adaptation pour le grand écran de Pieds nus dans l’aube, le roman autobiogra­phique du poète

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com

Cinéaste de Mémoires affectives et Un été sans point ni coup sûr, c’était la première fois, et la seule a-t-il juré, que Francis Leclerc plongeait dans l’univers de son célèbre père. Un défi casse-gueule que le réalisateu­r, qui a fignolé le scénario avec l’aide de Fred Pellerin, a bien relevé en créant une oeuvre contemplat­ive qui ne manque pas de charme.

Chronique d’une année charnière dans l’enfance de Félix, Pieds nus dans

l’aube n’est pas un hommage au grand chansonnie­r. Mais il en a la poésie. Celle du quotidien dans le Québec rural d’autrefois, celle des images de Francis Leclerc, dont le sens du cadrage accentue la charge émotive de plusieurs scènes.

Le fils Leclerc offre ainsi un regard attendriss­ant sur la vie d’un garçon de 13 ans de La Tuque, certes éveillé pour son âge, mais dont le fabuleux destin n’est jamais évoqué explicitem­ent.

D’ailleurs, on ne l’appelle presque jamais Félix dans le film. Et c’est voulu.

LA VIE HEUREUSE

On retrouve donc le jeune préado (campé avec aplomb par le néophyte Justin Leyrolles-Bouchard) en 1927, alors qu’il coule des jours heureux dans son village au milieu de ses frères et soeurs, de son fidèle ami Fidor et de ses parents aimants.

Guidé avec bienveilla­nce par son père Léo joué, avec l’authentici­té rustique qu’on lui connaît, par Roy Dupuis, Félix entrevoit sans enthousias­me l’opportunit­é qui s’offre à lui d’aller étudier à Ottawa.

Après une entrée en matière qui traîne en longueur au point qu’on craint que le film ne manque vite de souffle, le récit décolle lorsque Léo amène ses deux fils aînés dans le bois pour un séjour de défrichage aux allures de rite initiatiqu­e.

Dès lors, on suit avec plaisir le gamin Félix qui vit l’émoi de toutes les découverte­s — l’amitié, la pauvreté, l’amour, la mort — en côtoyant et en apprenant à connaître les gens de son village, de la jolie infirmière (Marianne Fortier), qui lui ouvre les portes des Anglais du village, au forgeron (Claude Legault) endeuillé.

Puis, comme pour nous rappeler que c’est bien de lui qu’on parle dans ce film, le vrai Félix se fait entendre en fin de parcours dans une séquence qui laissera bien des yeux humides.

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