Le Journal de Quebec - Weekend
LA PEUR DANS LE SANG
Il y a près de 40 ans, John Carpenter propulsait la carrière de Jamie Lee Curtis, en plus de marquer à tout jamais le cinéma d’épouvante. Tout ça, avec un seul mot : Halloween. Mais le réalisateur était loin de se douter que ce film allait lui permettre d’entrer dans la légende.
« On n’était qu’une bande de gamins qui essayaient de faire un film d’horreur. Ça a été une expérience complètement délirante, mais aucun d’entre nous ne pouvait s’attendre à ce que ça ait un impact aussi grand. C’est complètement surréel », avance celui qu’on surnomme le maître de l’horreur, en entretien au Jour
nal depuis son domicile, en Californie. N’empêche, Halloween (souvent surtitré La nuit des masques pour les marchés francophones) s’est rapidement élevé au rang des films cultes, donnant du coup naissance à un des croque-mitaines les plus célèbres du cinéma d’horreur : Michael Myers. Le tueur au masque blanc a eu droit à neuf longs métrages au fil des ans et reprendra du service pour une dixième reprise l’an prochain.
LA NAISSANCE D’UN SOUS-GENRE
On prête également à John Carpenter la paternité du sous-genre des slashers, ces films d’épouvante où un meurtrier sadique traque ses victimes dans le but de les décimer, une à une, à l’aide d’un objet tranchant.
« J’ai grandi en regardant tous les films d’horreur que je pouvais trouver, dans les années 1950 et 1960. Alors, c’est flatteur. Et pourtant, [ Halloween] est un film si simple », soupire John Carpenter. En effet, le concept du tout premier
Halloween, réalisé et coécrit par Carpenter, n’a rien de bien complexe. Un tueur s’évade d’un asile psychiatrique pour retourner dans sa ville natale de Haddonfield, dans l’Illinois, 15 ans après y avoir tué sa soeur.
« J’imagine que c’est ce qui a plu, et qui continue à plaire aux Aujourd’hui, on voit tellement de films qui donnent dans la torture fans.
porn ultra-sanglante, et disons que ça, ce n’est pas ma tasse de thé », commente-t-il.
LA FACILITÉ DES REMAKES
C’est d’ailleurs plus près de ce courant de torture porn que le remake de Rob Zombie s’est inscrit, il y a 10 ans. Et John Carpenter n’a jamais caché son aversion pour la direction qu’a prise la saga sous les soins du célèbre musicien devenu réalisateur. En fait, John Carpenter ne raffole pas de l’idée des remakes, et ce, même si ses The Fog et
The Thing ont également été revisités un à un par d’autres cinéastes.
« Les remakes sont des produits purement commerciaux. Celui de The
Thing n’avait rien à voir avec ce que moi j’avais fait. Mais ça va. Quand j’ai commencé dans l’industrie, c’était mal vu de faire des remakes. Aujourd’hui, tout le monde en fait. C’est beaucoup plus facile d’attirer l’attention des gens avec des histoires qu’ils connaissent déjà que d’en proposer de nouvelles », avance-t-il.
UN NOUVEAU FILM L’AN PROCHAIN
L’an prochain, Michael Myers revien- dra terroriser les cinéphiles pour le 40e anniversaire de sa création. Les rênes ont beau avoir été confiées au cinéaste David Gordon Green, John Carpenter s’est joint au projet, cette fois-ci à titre de producteur exécutif. S’agirait-il d’une manière détournée de garder un oeil sur la direction que prendra la saga ?
« Pas du tout », nous répond-il en riant. L’idée de confier le destin de Michael Myers à d’autres mains ne l’a jamais particulièrement inquiété.
« Il y a des films [de la série] que je n’ai pas aimés. Mais peu importe ce que les réalisateurs ou scénaristes font avec Michael Myers, ça n’enlève absolument rien à ce que moi j’ai fait il y a tant d’années », explique-t-il.
Malgré nos diverses tentatives, impossible de lui soutirer quelque information sur ce prochain chapitre des aventures de Michael Myers. John Carpenter confie tout de même qu’il n’a jamais été question qu’il reprenne le contrôle de sa saga à titre de réalisateur.
« J’ai fait mon Halloween. J’en suis satisfait, alors j’ai toujours préféré laisser la chance aux autres de faire les leurs », confie-t-il.