Le Journal de Quebec - Weekend
MICHEL CUSSON
Olivier, Unité 9
Michel est en quelque sorte un « vieux routier ». Outre sa carrière de soliste qui a suivi celle de jazzman avec la formation Uzeb, il a mis sa création au service de plus de 35 films et d’une vingtaine de séries télé ( Omerta,
Tag, Bunker, le cirque ou Le dernier chapitre, c’est lui) pour lesquels il a été souvent primé. Il signe actuellement les musiques des séries Olivier et Unité 9.
« La musique doit nous permettre de sentir d’abord l’émotion. Elle doit être transparente avec l’histoire. C’est pour cette raison que je m’arrange toujours pour que les instruments soient inidentifiables pour ne pas influencer les spectateurs. »
OPÉRATION DÉLICATE
Pour créer ses musiques, Michel est entouré d’une centaine d’instruments dont plusieurs sortent de l’ordinaire. « Pour
Olivier, comme on suit un petit garçon qui vit des événements bouleversants, je voulais quelque chose de tendre. J’ai beaucoup travaillé les cordes. Mais on ne les reconnaît pas. »
Michel travaille d’une façon instinctive sur de vrais instruments. « Jouer, toucher, frapper les cordes donne un côté très humain beaucoup plus chaleureux que les banques d’échantillons disponibles pour la télé. Pour
Olivier, j’ai travaillé avec le réalisateur Claude Desrosiers, mais aussi avec Josélito Michaud. C’est un expert en musique qui m’a soumis des points de vue auxquels je n’avais pas songé.
Dans le cas de cette série-là, c’était intéressant de transformer la musique au rythme du personnage. On ne vit pas les mêmes tensions quand on est enfant ou quand on est adolescent. Le psychique évolue. Instrumentalement, il fallait qu’il y ait une différence, que je regarde la destination sans révéler de punch. C’est une opération très délicate qui s’acquiert avec l’expérience et qui permet d’épurer, dans la majorité des cas, une mélodie. »
UNE MUSIQUE RESSENTIE
Pour Unité 9, il dit avoir créé une musique que l’on n’entend pas, mais qu’on ressent. « 95 % des gens n’entendent pas la musique, mais c’est elle qui met la tension entre les murs de Lietteville. C’est une technique assez insidieuse. C’est comme un addenda au scénario. J’ai travaillé pas moins de 150 thèmes différents de noirceur : l’agression, le malaise, l’oppression, l’intimidation, la claustrophobie. » Cusson explique qu’il existe près de 800 émotions pour lesquelles une couleur musicale peut être développée. Un thème sur un personnage évolue avec lui. Je colore son univers. Je lui ajoute un costume à ma façon. »