Le Journal de Quebec - Weekend
EXPLOITER LE PATRIMOINE DES BEATLES
Quand on visite Salzbourg, on est bombardé musicalement de Mozart. On se dit : « Est-ce possible d’avoir encore plus de Mozart partout ? » La réponse à cette question vient de Liverpool : « Oui. » La ville des Beatles n’a pas cessé de se « beatlesiser ».
Je me souviens d’une visite en 1992, je crois. Cette ville ouvrière, partagée entre les mines d’un côté et le port de l’autre, montrait encore ses maisons enduites de suie. Quelque chose du vieux Liverpool sale et prolétaire, dans lequel grandirent Paul McCartney et John Lennon, demeurait.
DIEUX VIVANTS
L’embourgeoisement ayant produit son effet un quart de siècle plus tard, la ville est astiquée. Ça me fait penser au moment où la reine a anobli les Beatles qui, par la suite, malgré qu’ils jouaient les gars ordinaires, étaient des stars multimillionnaires et déifiées vivantes. Une métamorphose de ce genre a guindé Liverpool qui exploite plus que jamais son patrimoine des Beatles.
RETOMBÉES ÉCONOMIQUES
Presque tous les circuits touristiques comportent des références aux chansons des Beatles, aux lieux mentionnés dans leurs paroles. En 2015, un groupe statuaire des Beatles est érigé. C’est devenu une oeuvre incontournable. Un classique instantané. Comme la « Fève » de Chicago ou la statue de Rocky Balboa à Philadelphie. On est étonné d’avoir dû attendre un demi-siècle depuis le dernier concert des Beatles dans cette ville pour qu’un monument à leur honneur prenne sa place.
Saura-t-on jamais combien de millions de dollars en retombées touristiques les Beatles ont valus à la ville dont ils sont originaires ? La terre entière se donne rendez-vous ici, précisément pour un pèlerinage sur les traces des « Fab 4 ».
Mais attention : certains commerces profitent de la situation. Par exemple, un barbier sur Penny Lane attire les touristes qui ignorent que le salon dont parle la chanson est ailleurs dans la ville. Quant au mythique club The Cavern, c’est une reconstruction qui a partiellement utilisé des pierres tirées de l’immeuble d’origine, qui était en face de là, et qui a été détruit en 1973… à une époque où Liverpool ne mesurait pas encore sa « Beatlesisation » à venir.