Le Journal de Quebec - Weekend

UN RÔLE ÉMOUVANT POUR JEAN-MICHEL ANCTIL

Habitué à faire rire depuis plus de 25 ans, Jean-Michel Anctil dévoile une autre facette de son jeu en incarnant un homme triste et désillusio­nné dans le thriller psychologi­que Nous sommes les autres, premier long métrage du réalisateu­r JeanFranço­is Assel

- Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com Le film Nous sommes les autres prend l’affiche vendredi.

C’est en tournant la seconde saison de la série humoristiq­ue Les pêcheurs, il y a quelques années, que Jean-François Asselin a perçu pour la première fois le potentiel dramatique de Jean-Michel Anctil. En filmant un gros plan sur Anctil, le réalisateu­r a été frappé par la sensibilit­é de l’humoriste à l’écran.

« Après avoir tourné cette scène, Jean-François est venu me voir et m’a dit : la caméra t’aime et tu as quelque chose dans le regard, évoque JeanMichel Anctil en entrevue au Journal.

« À l’époque, je ne savais pas que Jean-François travaillai­t sur un long métrage. Mais peu de temps après, on m’a appelé pour une audition. Ça s’est bien passé, mais en voyant les autres acteurs qui allaient auditionne­r après moi pour le même rôle, je me suis dit : “Mon chien est mort !” Mais à ma grande surprise, Jean-François m’a rappelé après pour me dire que j’avais le rôle. J’étais très heureux. »

RÔLE DRAMATIQUE

Cinéphile, Jean-Michel Anctil souhaitait depuis longtemps s’essayer à un rôle dramatique. Il est bien servi dans Nous sommes les autres : l’acteur et humoriste y joue un expert en sinistre qui n’aime pas sa vie et qui la remettra en question en enquêtant sur la disparitio­n d’un architecte réputé.

« C’est un personnage triste, même si on sent qu’il y a de l’espoir pour lui à la fin, souligne Anctil. C’est un gars

low profile qui n’est pas bien dans sa peau et qui ne veut pas faire de vagues ni déranger personne. Mais là, il découvre un univers qui l’attire, mais qui, croit-il, n’est pas accessible pour lui. Je crois que beaucoup de gens vont se reconnaîtr­e dans ce personnage. Il y a bien des gens qui font un métier qu’ils n’aiment pas juste pour gagner leur vie. Mais s’ils le pouvaient, ils feraient autre chose. »

Jean-Michel Anctil assure qu’il n’a pas eu à se préparer différemme­nt pour ce premier vrai rôle dramatique à l’écran :

« Ça reste du jeu. Quand on est sur scène, c’est aussi du jeu. Un de mes modèles dans la vie, c’est Coluche. Et pour moi, un des plus beaux rôles de Coluche, c’est le film Tchao Pantin dans lequel il était très émouvant. C’est le genre de carrière que j’aimerais avoir, c’est-à-dire pouvoir aller autant dans le rire que dans l’émotion. « Dans ce sens, je pense que Nous

sommes les autres pourrait être une belle carte de visite pour moi. D’ailleurs, quand les producteur­s ont présenté le film à des festivals à l’étranger, certains programmat­eurs ont dit à propos de moi : “C’est qui lui ? On ne l’a jamais vu avant.” C’est le genre de commentair­e qui me fait plaisir. »

THRILLER EXISTENTIE­L

L’intrigue de Nous sommes les autres tourne autour de la disparitio­n d’un architecte reconnu, dans des conditions mystérieus­es. La conjointe de l’architecte (Pascale Bussières), l’expert en sinistre qui s’occupe de l’affaire (Anctil) et un jeune architecte ambitieux (Émile Proulx-Cloutier) vont transforme­r leur vie pour remplir, chacun à sa façon, la place laissée vacante par cette disparitio­n.

Le réalisateu­r Jean-François Asselin (à qui on doit les séries télé

Plan B et François en série) a écrit le scénario de ce premier long métrage il y plus de dix ans déjà. Le prétexte était d’aborder cette question : jusqu’où doit-on transforme­r son existence pour satisfaire le regard des autres ?

« Avec mon coscénaris­te Jacques Drolet, on voulait écrire un film sur un personnage qui se transforme en quelqu’un d’autre parce qu’on trouvait qu’on avait parfois dû se travestir pour plaire aux autres, explique Asselin.

« C’est une question qu’on peut se poser comme réalisateu­r ou comme artiste en général. Je me suis déjà demandé : est-ce que je devrais écrire quelque chose que tout le monde va aimer, mais qui ne me ressembler­a pas ? Ou je devrais écrire quelque chose qui me ressemble, mais je prends le risque que ça ne plaise pas. Je pense que Nous sommes les autres est la représenta­tion de cela. »

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Jean-Michel Anctil et Pascale Bussières dans une scène du thriller psychologi­que Nous sommes les autres.
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MAXIME DEMERS
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