Le Journal de Quebec - Weekend
POUR LES DROITS DES ENFANTS
Cinq ans après L’industrie du ruban
rose, Léa Pool signe un nouveau documentaire, cette fois sur l’effet qu’a l’incarcération des mères sur les enfants.
Le monde de Double peine, c’est celui des petits ou grands dont les mamans sont condamnées à passer du temps derrière les barreaux. Leurs crimes ? Peu importe. À moins que les enfants ne le mentionnent, Léa Pool ne s’y intéresse pas. Et en effet, ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte, c’est le sort des gamins.
Au Népal, ils se retrouvent en prison avec leur maman, quel que soit leur âge, quelle que soit la peine. À travers l’organisme Prisoners Assistance Nepal, les prisonnières qui le désirent peuvent confier leurs enfants à l’un des « home » dans lequel ils auront une scolarité et une vie aussi normale que possible, incluant des visites à leur mère.
Au Québec, c’est Continuité-famille auprès des détenues (CFAD) qui permet aux enfants de conserver ce lien si précieux. Au Brésil, avec le CAICC (Centro de Apoyo Integral Carcelario y Comunitario), les enfants sont emmenés à l’école tous les jours, tandis qu’aux États-Unis, l’Association Osborne permet aux jeunes de conserver un contact, vidéo ou en personne, avec leurs mères.
DES ENFANTS INCOMPRIS
Partout, un constat : dans les décisions judiciaires, les enfants ne sont jamais pris en compte. Comment un jeune pourra-t-il continuer de voir sa mère ? Le système ne s’en soucie pas et il faut le travail d’organismes pour que les mineurs soient scolarisés, soutenus et aidés. Des enfants de détenus de San Francisco ont d’ailleurs écrit une Charte des droits, phrases que la réalisatrice et scénariste superpose aux images de son documentaire.
Mais il n’y a pas que le constat des droits légaux, il y a aussi celui du ressenti des enfants, laissé par les années passées dans une prison. Tous les jeunes interrogés par Léa Pool sont d’une sincérité et d’une candeur frappantes, constatant la situation dans laquelle ils se trouvent et s’y adaptant du mieux qu’ils le peuvent.
Sans virulence, mais avec fermeté, passion, compassion et amour, Léa Pool filme et revendique que ces enfants soient entendus.