Le Journal de Quebec - Weekend

PETIT DAN ET GRAND DAN SE RACONTENT

En convalesce­nce dans sa maison-studio de Lanaudière, Dan Bigras va bien. Après avoir révélé qu'il venait d'être opéré pour un cancer colorectal, il se repose, prépare le show du Refuge et parle avec passion de son premier livre, Le temps des Seigneurs.

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Sur un ton simple, direct, lucide, pertinent, souvent dur, mais aussi très tendre, Dan Bigras raconte comment il est devenu l'homme qu'il est aujourd'hui, après un parcours rempli d'embûches et de défis.

Petit Dan et Grand Dan se côtoient, s'épaulent, évoluent, se comprennen­t et s'entendent de mieux en mieux.

« Je vais avoir 60 ans le 23 décembre: je pense que j'ai suffisamme­nt compris mon histoire pour la raconter ».

Avec ses mots à lui, il dit tout: la relation difficile avec un père violent, la mort de son frère, les difficulté­s d'apprentiss­age (il est TDA diagnostiq­ué), le succès, les brosses monumental­es et les déboires. Les bons moments passés avec Gerry Boulet. Les combats extrêmes. La musique. Et la lente remontée vers la lumière.

« LES VRAIES RAISONS »

Il a mis beaucoup d'énergie dans l'écriture de son livre: il y a des moments durs, des moments de tendresse, des souvenirs pas faciles. Il s'est donné à fond.

« Les gens se demandent ce que je fais au Refuge depuis 27 ans, donc il faut dire les vraies raisons. Il y a des gens qui pensent que je suis quelqu'un de plus généreux que les autres. Mais c'est pas comme ça qu'on atterrit dans un endroit comme Le Refuge et qu'on y passe la vie, comme je fais. C'est collé à une histoire personnell­e », partage-t-il.

« Ça raconte l'histoire d'un kid pour qui ça a parti un peu sur la fesse gauche... mais après, c'est allé mieux. Moi, je vais tout le temps un petit peu mieux qu'hier. Et ça a été de même toute ma vie. Le Refuge m'a fait du bien pour faire partie d'une gang qui fait partie d'une solution. Tout ça a fini par me faire une très, très, très belle vie. »

Même s'il parle de la violence subie dans son enfance, il ne s'y attarde pas. « Un livre pour dénoncer ça, c'est un livre de règlement de comptes et je ne trouve pas ça intéressan­t pantoute. » Il voulait plutôt faire un livre qui allait aider, apporter des pistes de solutions.

Et de fait, il éclaire et inspire, par la justesse de ses émotions et de ses propos. « Des problèmes non résolus, on en a tous. Mais je voulais que le récit puisse donner des outils émotifs, des idées émotives. Des fois, on peut partir de loin... et faire des affaires. »

CÔTÉ SANTÉ

En ce moment, Dan Bigras va bien. Il se repose au bord de sa rivière, accueille les chevreuils qui lui rendent visite, apprécie la belle nature qui l'entoure, passe du temps dans son studio. « Je suis fatigué parce que se faire ouvrir le corps, ça draine toute ton énergie, mais je fais ce qui m'est demandé, tranquille­ment. Je prends des petites marches », partage-t-il.

Son moral est très bon. « Il y a une différence entre se faire expliquer ce qu'est un cancer colorectal, où est-ce qu'on croit qu'il en est, qu'est-ce qu'on peut faire, versus des cancers épouvantab­les où on te suggère de faire du ménage dans tes affaires. Personne ne m'est arrivé avec ces horreurs. Évidemment, c'est pas une grippe, c'est à prendre au sérieux, mais c'est pas quelque chose avec quoi s'énerver — ça donne rien. Les choses importante­s, il faut que je les fasse comme il faut, et c'est ce que je fais. Je suis bien entouré, j'ai ma famille, j'ai mes chums. »

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Dan Bigras Le temps des Seigneurs Éditions Québec Amérique 400 pages

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