Le Journal de Quebec - Weekend

MONTRER LE MONDE AUX JEUNES…

Peu de films peuvent se targuer d’avoir reçu un soutien financier du Luxembourg, de l’Irlande, de Téléfilm Canada… et d’Angelina Jolie, pour ne citer qu’eux ! C’est le cas de Parvana, une enfance en Afghanista­n, film d’animation pour jeunes tiré du livre

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Agence QMI

Parvana (voix de Saara Chaudry en version originale) est une petite fille habitant Kaboul avec ses parents, sa soeur aînée Soraya (voix de Shaista Latif) et son petit frère. Tous les jours, elle se rend au marché avec Nurullah (voix d’Ali Badshah), son père, afin de tenter de vendre quelques biens familiaux pour nourrir la maisonnée. Or, son père est arrêté par les talibans et jeté en prison. Mais comme aucune femme n’a le droit de sortir seule, pas même pour aller acheter à manger, tirer de l’eau au puits ou même se renseigner sur le sort de son mari, Fattema (voix de Laara Sadiq), la mère de Parvana, ne tarde pas à avoir de graves ennuis.

La jeune fille a alors une idée. Pourquoi ne pas se couper les cheveux et se faire passer pour un garçon afin de pouvoir circuler librement et d’aller travailler afin de ramener de la nourriture aux siens ? Parallèlem­ent, comme l’histoire se déroule en 2001, l’Afghanista­n ne tarde pas à être plongé dans la guerre, ce qui rend les recherches de Parvana pour retrouver son père plus ardues.

FILM POUR TOUS

Loin de compliquer la tâche à la réalisatri­ce Nora Twomey, le fait de compter

sur plus d’une quinzaine de sources de financemen­t (dont Téléfilm Canada et Jolie Pas, la compagnie d’Angelina Jolie) lui a simplifié la vie.

« Quand autant d’institutio­ns, surtout des organismes d’État, s’impliquent dans un projet, c’est d’abord pour sa valeur artistique et la valeur de l’histoire, souligne-t-elle lors d’une entrevue téléphoniq­ue réalisée de son Irlande natale. Un film comme Parvana, une enfance

en Afghanista­n ne se ferait pas via les circuits habituels. Pour nous tous qui avons travaillé sur ce film, cela a été une opportunit­é incroyable que nous n’avons pas prise à la légère. Nous éprouvions le plus grand des respects pour le scénario et nous voulions raconter l’histoire de notre mieux. »

Ce film d’animation, sur lequel 300 personnes ont travaillé et qui a nécessité des recherches exhaustive­s sur la culture et le patrimoine afghans, a été réalisé par une femme, raconte l’histoire d’une fillette et inclut une majorité de personnage­s féminins. Mais la cinéaste préfère ne pas utiliser le qualificat­if de « film de femmes » et souhaite englober tous les publics.

« Le long métrage est complexe et j’aime penser qu’il ne s’adresse pas qu’aux jeunes filles et qu’aux femmes. J’aime beaucoup Parvana, mais, pour moi, le personnage le plus intéressan­t est celui de Razaq [NDLR : un homme qui lui viendra en aide]. Je suis également la mère de deux garçons et j’ai fait ce film pour eux. Je veux qu’ils grandissen­t dans un monde où ils peuvent avoir accès à des histoires comme celle-là. »

RÉACTIONS VARIÉES

Présenté dans de nombreux festivals et ayant remporté trois prix au Animation Is Film Festival de Los Angeles en octobre, Parvana, une enfance en Afghanista­n génère une réaction bien différente chez les adultes et chez les jeunes (le film, comme le livre, est conseillé aux 9 ans et plus). « Les enfants regardent Parvana et se fient à ses expression­s faciales pour ressentir des émotions. En règle générale, les jeunes sortent de la salle en parlant entre eux, alors que les adultes sont plus traumatisé­s. » « Ce n’est pas notre travail, en tant qu’adultes, de cacher à nos enfants ce qui pourrait les effrayer. Notre travail est de leur apprendre à réagir à ce qui les effraye. On ne peut pas arrêter ce genre de choses. Ce qu’on peut faire, par contre, c’est soit les préparer au monde qu’ils vont hériter de nous, soit ne pas les y préparer. Ce sont les choix que nous avons. »

Parvana, une enfance en Afghanista­n est présenté dans les salles obscures depuis hier.

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