Le Journal de Quebec - Weekend
50 CHANDELLES POUR SONGS OF LEONARD COHEN
En décembre 1967, un poète de 33 ans, qui souhaitait devenir un chanteur country, lançait un premier album qui allait être le point de départ d’une longue et fructueuse carrière. Songs of Leonard Cohen fêtera, mercredi, ses 50 ans.
Un album sur lequel on retrouve les succès Suzanne, So Long ou encore, Marianne, et qui connaîtra plus de succès en Europe qu’en Amérique du Nord.
Enregistré dans les studios de l’étiquette Columbia, à New York, Songs of Leonard Cohen a été numéro 4 dans les Pays-Bas, 13e en Grande-Bretagne, 35e en Suède et 36e en Norvège. Aux États-Unis, il n’a pas dépassé la 85e position sur le palmarès Billboard 200.
CARRIÈRE D’AUTEUR INSATISFAISANTE
Avant de lancer ce premier album, le 27 décembre 1967, Leonard Cohen était connu, d’abord et avant tout, comme poète. Il avait publié quelques livres et recueils de poésie. Insatisfait, financièrement, de cette carrière d’auteur, il fait ses boîtes et s’installe aux États-Unis avec l’intention d’aller tenter sa chance à Nashville dans le monde de la musique.
Leonard Cohen avait fait partie, durant ses années à l’Université McGill, d’un groupe country et western qui portait le nom de Bucksin Boys, où il jouait de la guitare. L’auteur, compositeur et interprète ne s’est jamais rendu dans le berceau de la musique country, s’accrochant les pieds dans la scène folk de New York.
SUZANNE
La chanson Suzanne, qui ouvre Songs of Leonard Cohen, a été le point de départ d’une longue carrière qui a pris fin à son décès, le 7 novembre 2016, à l’âge de 82 ans.
Une rencontre avec Judy Collins a, d’une certaine façon, lancé la carrière de Leonard Cohen. Dans une entrevue au quotidien Globe and Mail, quelques jours après le décès de Cohen, la chanteuse folk américaine racontait qu’il n’était pas capable de chanter, de jouer de la guitare et qu’il ne croyait pas, avec Suzanne, avoir une chanson entre les mains.
« Il a joué cette pièce et j’ai réussi à le convaincre de venir la chanter dans un spectacle-bénéfice auquel je participais. Il s’est mis à chanter et les gens, qui aimaient, sont devenus fous. Il n’avait jamais chanté devant un aussi gros auditoire. Il a arrêté en plein milieu et il a quitté la scène. Le public voulait qu’il revienne et je l’ai convaincu de venir terminer la chanson avec moi », a-t-elle évoqué.
Hymne à Suzanne Verdal, ex-conjointe du sculpteur québécois Armand Vaillancourt, Suzanne a été écrite en quatre ou cinq mois, à Montréal. « Le processus d’écriture a été très difficile parce que j’ai dû mettre à l’écart beaucoup de bonnes choses. Il y avait trop de couplets et ça m’a pris du temps pour avoir les trois que l’on retrouve dans la chanson », a-t-il déclaré, en 1986, à la BBC.
Numéro 3 en France, Suzanne a été reprise et enregistrée 2600 fois. Nina Simone, Neil Diamond, Joan Baez, Peter Gabriel, Françoise Hardy, Nana Mouskouri, Aretha Franklin, Tangerine Dream et plusieurs autres ont repris cette pièce phare de son répertoire.
TEMPÊTE INSPIRANTE
Autre titre marquant, So Long, Marianne, qui était la première pièce de la face B du vinyle, fait référence à l’épouse de l’écrivain Axel Jensen, avec qui Leonard Cohen a vécu, en Grèce, après qu’elle a été laissée par son conjoint.
Cette chanson fait partie, avec Suzanne, d’un palmarès de 20 chansons essentielles de l’artiste montréalais, établi par le magazine Rolling Stone.
La pièce Sisters of Mercy, que l’on retrouve sur Songs of Leonard Cohen et qui est à l’origine du nom de la formation gothique britannique The Sisters of Mercy, a été écrite durant une tempête de neige à Edmonton.
« Je m’étais réfugié dans le hall d’entrée d’un bureau avec deux voyageuses avec leurs sacs à dos. Elles n’avaient nulle part où aller et je leur ai proposé de venir dans ma chambre d’hôtel. Elles se sont lancées dans le lit et je les ai observées dormir. Je savais, à partir de ce moment, que je tenais quelque chose entre les mains. À leur réveil, la chanson était composée », a-t-il relaté dans une entrevue.