Le Journal de Quebec - Weekend

SUR LA PISTE D’ALEXANDER HERRMANN

Le Français Stéphane Allix est allé au bout d’un phénomène difficile à expliquer dans son nouveau livre, Lorsque j’étais quelqu’un d’autre. En partant sur les traces d’un rêve éveillé fort détaillé, il a suivi la piste d’un soldat allemand mort en Russie

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Alors qu’il était en retraite dans la forêt péruvienne pour recharger ses batteries, Stéphane Allix a eu la vision très claire d’un soldat mort au front. Toutes sortes de détails très précis, dont son nom et son grade, et les circonstan­ces de sa mort, lui sont apparus lors d’un rêve éveillé.

Intrigué, il a fait des recherches pour vérifier si Alexander Herrmann, Obersturmf­ührer, avait vraiment existé. À sa grande surprise, des documents d’archives lui ont confirmé que oui. Et qu’il était mort sur le front en Russie. Il s’est alors lancé sur sa piste, retrouvant sa famille en Allemagne, refaisant le fil de sa vie. De sa propre vie antérieure, en fait.

Ce qu’il raconte est fascinant, du début à la fin, et soulève énormément de questions. « Je pense que le travail que je fais depuis plusieurs années maintenant porte ses fruits et le sérieux de ma démarche permet de livrer ce type de témoignage avec un accueil plus positif », observe Stéphane Allix, en entrevue.

GUÉRISON

De toute cette aventure, qui lui a pris des mois, il retient ceci : la guérison. « Je réalise pleinement aujourd’hui le profond travail de guérison qui s’est opéré en moi, cette sorte de métamorpho­se d’une ombre culpabilis­ante et douloureus­e qui est aujourd’hui transformé­e en une force et un apaisement important. »

Le lecteur va de surprise en surprise et de découverte en découverte, tout au long du livre. « Le plus gros choc, je crois, c’est la découverte du dossier militaire et la découverte que cet homme que j’avais vu en rêve, que je prenais pour une sorte de personnifi­cation d’un message de mon inconscien­t, était mort comme je l’avais vu. »

« Et là, tout d’un coup, ça ne pouvait plus être une coïncidenc­e, quelque chose d’un peu étrange. Ça devenait quelque chose qui me concernait et qui m’obligeait à mener cette enquête et retrouver la trace d’Alexander jusqu’au bout. Tout d’un coup, ça sortait du domaine du psycholo- gique et ça devenait complèteme­nt réel. » Toute cette expérience a été pour lui extrêmemen­t intense et troublante. « Il y a eu une sorte de réminiscen­ce que j’ai vécue avec la guérisseus­e Agnès Stevenin, et que je raconte dans le livre. Au moment de l’écriture, il y a certains moments où je me mettais à la place d’Alexander pour écrire des scènes de son point de vue. » Il continue. « L’écriture parfois permet des sortes de microtrans­es où vous ne savez plus qui écrit, quand vous écrivez ces scènes-là. À ces moments-là, j’ai vraiment senti que je me connectais à ses émotions, à des souvenirs lui ayant appartenu. Mais en aucun cas, ça a été aussi intense et aussi frappant que cette expérience de rêve éveillé au Pérou. »

EXPÉRIENCE­S SIMILAIRES

Depuis le lancement du livre, beaucoup de gens lui ont raconté qu’ils avaient vécu une expérience pareille. « Je pense que ça ne concerne pas que moi. La Seconde Guerre mondiale, on est sans doute des millions à en porter un héritage direct ou indirect. »

Stéphane Allix se questionne encore : où sont tous ces morts, qui étaient-ils ? Qu’advient-il de toute cette douleur, cette culpabilit­é ? Toute cette souffrance ? « Elle imprègne le monde aujourd’hui et peut s’exprimer à travers des cauchemars, des peurs, des culpabilit­és de millions d’individus à travers la planète – ça, j’en suis absolument convaincu. »

STÉPHANE ALLIX - LORSQUE J’ÉTAIS QUELQU’UN D’AUTRE

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