Le Journal de Quebec - Weekend

DÉCRIRE LA VIE AVEC UNE POINTE DE NOSTALGIE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Pour son 40e livre, À peine

un petit air de jazz, Gilles Archambaul­t propose un recueil de 34 nouvelles qui racontent, en petites scènes, en instants volés, l’histoire douce-amère d’un être dont la vie est faite de choses à la fois complexes et simples comme le bonheur et l’amour, le passage du temps... et sa passion pour le jazz.

Gilles Archambaul­t, l’écrivain de l’intimité, de la nostalgie, évoque aussi la fragilité de la vie, la joie, la souffrance, les rêves, les déceptions.

« J’aime de plus en plus le genre de la nouvelle, parce que c’est conforme à mes goûts. Je ne suis pas le genre de lecteur qui lit à tous les deux ans À la recherche

du temps perdu. Je suis prêt à accepter le génie des grandes et longues oeuvres, mais mon petit génie à moi n’est pas capable de faire ça puis ça n’intéresse pas le petit Gilles de faire ce genre de choses », dit-il avec humour.

Le talentueux écrivain raconte que la dernière nouvelle, plus longue, avait été écrite et réécrite. Les autres textes ont été faits pendant les semaines et les mois où il se languissai­t à la maison à cause d’un problème de genou. « J’étais vraiment désespéré — le mot n’est pas trop fort. Je me disais, quand pourrais-je sortir ? Moi qui aime beaucoup marcher, je ne pouvais pas aller marcher sur les trottoirs glacés, et puis j’avais mal. »

Il s’en est sorti en choisissan­t de faire « autre chose que des mots croisés », assure-t-il. « Je me suis dit : je vais écrire. C’est pour ça que ces nouvelles sont plus noires encore que celles que je fais d’habitude. C’était mon état d’esprit, à ce moment-là. » Il a été opéré et va maintenant beaucoup mieux.

LA MUSIQUE PERSONNELL­E PAR EXCELLENCE

Dans sa dernière nouvelle, l’écrivain de 84 ans évoque son amour inconditio­nnel du jazz, évoque avec nostalgie la musique du film Casablanca. « Je n’ai jamais été musicien. Je ne sais jouer d’aucun instrument. Je ne suis pas un spécialist­e — je suis un amateur, c’est pas pareil. Ma connaissan­ce du jazz a beaucoup plus à voir avec le disque et le jeu dans les petites boîtes de jazz plutôt que dans les festivals. »

Le saxophone ténor est son instrument préféré. « Cette musique, si je l’ai aimée, c’est parce qu’elle me plaisait. J’aime le jazz teinté de blues, le jazz qui peut être joyeux à la façon de Charles Mingus, mais mon jazz à moi, c’est plutôt un jazz angoissé, qui ressemble le plus au genre de littératur­e que j’aime : Buzzati, Kafka, Stendhal. »

Le jazz est, selon lui, la musique personnell­e par excellence. « Mon musicien préféré, c’est Zoot Sims. Quand il joue du saxo ténor, c’est mon idée du bonheur. Mais il n’est pas tout seul. Lester Young dans ses débuts avec Count Basie, je l’aime beaucoup. J’aime sa sonorité, le côté vaporeux et angoissé à sa façon. J’aime beaucoup Ben Webster aussi. »

Il a eu le bonheur de voir jouer le grand trompettis­te Dizzy Gillespie trois fois, et le saxophonis­te Lester Young dans le cadre d’une tournée du Jazz at Philarmoni­c, au Forum, alors qu’il remplaçait Stan Getz.

À PEINE UN PETIT AIR DE JAZZ Gilles Archambaul­t Éditions Boréal 120 pages

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada