Le Journal de Quebec - Weekend
DÉCRIRE LA VIE AVEC UNE POINTE DE NOSTALGIE
Pour son 40e livre, À peine
un petit air de jazz, Gilles Archambault propose un recueil de 34 nouvelles qui racontent, en petites scènes, en instants volés, l’histoire douce-amère d’un être dont la vie est faite de choses à la fois complexes et simples comme le bonheur et l’amour, le passage du temps... et sa passion pour le jazz.
Gilles Archambault, l’écrivain de l’intimité, de la nostalgie, évoque aussi la fragilité de la vie, la joie, la souffrance, les rêves, les déceptions.
« J’aime de plus en plus le genre de la nouvelle, parce que c’est conforme à mes goûts. Je ne suis pas le genre de lecteur qui lit à tous les deux ans À la recherche
du temps perdu. Je suis prêt à accepter le génie des grandes et longues oeuvres, mais mon petit génie à moi n’est pas capable de faire ça puis ça n’intéresse pas le petit Gilles de faire ce genre de choses », dit-il avec humour.
Le talentueux écrivain raconte que la dernière nouvelle, plus longue, avait été écrite et réécrite. Les autres textes ont été faits pendant les semaines et les mois où il se languissait à la maison à cause d’un problème de genou. « J’étais vraiment désespéré — le mot n’est pas trop fort. Je me disais, quand pourrais-je sortir ? Moi qui aime beaucoup marcher, je ne pouvais pas aller marcher sur les trottoirs glacés, et puis j’avais mal. »
Il s’en est sorti en choisissant de faire « autre chose que des mots croisés », assure-t-il. « Je me suis dit : je vais écrire. C’est pour ça que ces nouvelles sont plus noires encore que celles que je fais d’habitude. C’était mon état d’esprit, à ce moment-là. » Il a été opéré et va maintenant beaucoup mieux.
LA MUSIQUE PERSONNELLE PAR EXCELLENCE
Dans sa dernière nouvelle, l’écrivain de 84 ans évoque son amour inconditionnel du jazz, évoque avec nostalgie la musique du film Casablanca. « Je n’ai jamais été musicien. Je ne sais jouer d’aucun instrument. Je ne suis pas un spécialiste — je suis un amateur, c’est pas pareil. Ma connaissance du jazz a beaucoup plus à voir avec le disque et le jeu dans les petites boîtes de jazz plutôt que dans les festivals. »
Le saxophone ténor est son instrument préféré. « Cette musique, si je l’ai aimée, c’est parce qu’elle me plaisait. J’aime le jazz teinté de blues, le jazz qui peut être joyeux à la façon de Charles Mingus, mais mon jazz à moi, c’est plutôt un jazz angoissé, qui ressemble le plus au genre de littérature que j’aime : Buzzati, Kafka, Stendhal. »
Le jazz est, selon lui, la musique personnelle par excellence. « Mon musicien préféré, c’est Zoot Sims. Quand il joue du saxo ténor, c’est mon idée du bonheur. Mais il n’est pas tout seul. Lester Young dans ses débuts avec Count Basie, je l’aime beaucoup. J’aime sa sonorité, le côté vaporeux et angoissé à sa façon. J’aime beaucoup Ben Webster aussi. »
Il a eu le bonheur de voir jouer le grand trompettiste Dizzy Gillespie trois fois, et le saxophoniste Lester Young dans le cadre d’une tournée du Jazz at Philarmonic, au Forum, alors qu’il remplaçait Stan Getz.
À PEINE UN PETIT AIR DE JAZZ Gilles Archambault Éditions Boréal 120 pages