Le Journal de Quebec - Weekend

QUÊTE DE SENS dans une Italie magique

La grande écrivaine italienne Simona Sparaco, récompensé­e du prestigieu­x prix Strega pour Le dernier battement de coeur, propose cette année un roman initiatiqu­e se déroulant dans les montagnes de la région italienne des Marches, Si je ferme les yeux.

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Avec son héroïne Viola, une jeune maman pas très heureuse en mariage, Simona Sparaco entraîne ses lecteurs dans une aventure père-fille et une grande quête spirituell­e au coeur de paysages magiques.

Viola, employée dans une boutique de photo, voit un jour surgir son père. Un père artiste, bohême, qui a abandonné sa famille il y a longtemps et avec qui la possibilit­é de renouer une relation paraît bien mince.

Oliviero propose à sa fille de faire un voyage sur les terres de leur famille, dans les Marches. Viola cède à la curiosité et le duo (tendu) se lance sur les routes italiennes. Sur les flancs des mystérieux monts Sibyllins, que le folklore local dit peuplés de fées, la sincérité d’Oliviero finit par troubler sa fille. Elle sera confrontée à la question du pardon, pour considérer les choses autrement.

« ROMAN TRÈS IMPORTANT »

« Pour moi, c’est un roman très important. Je l’ai écrit quand j’habitais à Singapour et je pensais beaucoup à l’Italie, spécialeme­nt la région où je suis née, les Marches. C’est un territoire magique : beaucoup de gens sont un peu bizarres (moi-même, je ne suis pas trop normale !). »

Elle a donc imaginé cette belle histoire entre une fille et son père. « Mon père n’est pas comme Oliviero parce qu’il a été très présent dans ma vie. Oliviero est calqué sur mes peurs : quand j’étais petite, j’avais peur de perdre mon père. J’étais terrifiée juste à y penser. Quand j’écris, je pense que j’exorcise mes peurs, j’essaie de sortir de la peur. »

Par la suite, Simona Sparaco a fait la connaissan­ce d’un artiste très connu en Italie qui travaille le plâtre, Oliviero Rainaldi. « À Singapour, j’ai écrit le roman dans une galerie d’art. J’ai imaginé que le père, dans le roman, allait être un artiste. »

UN CÔTÉ FÉÉRIQUE

Tout le côté féérique du roman - l’existence des grottes enchantées, des fées, des femmes aux pouvoirs magiques - est lié au folklore et à l’histoire des Marches. « Je suis retournée dans les Marches après mon séjour à Singapour. C’est une région très ésotérique dont on a beaucoup parlé pendant l’Inquisitio­n. Montemonac­o (photo ci-haut) est le seul village de toute l’Italie à avoir été excommunié. C’est un lieu où il se passe des choses étranges et quand on y va, on le sent : la terre a un pouvoir particulie­r. » « Le personnage de la Sybille, Nora, est inspiré d’une femme qui a réellement vécu dans les Marches et qui s’appelait Pascualina. Elle avait un don. » Simona Sparaco a adoré écrire ce superbe roman. « L’Italie me manquait beaucoup quand j’étais à Singapour, un endroit branché sur l’avenir. Moi, j’avais plutôt besoin de m’accrocher au passé. J’avais besoin d’une histoire, j’avais besoin de magie. »

Simona, entre-temps, poursuit son travail d’écriture. Elle a plusieurs projets dans ses cartons – un nouveau livre doit sortir en janvier en Italie. Mais... surprise : un des personnage­s de son prochain roman sera québécois ! « J’ai une amie qui connaît très bien le Québec et qui m’en parle beaucoup. »

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