Le Journal de Quebec - Weekend
UN PREMIER LONG MÉTRAGE POUR GUILLAUME LAMBERT
« Un Charlie Brown à 30 ans ». C’est ainsi que le comédien et réalisateur Guillaume Lambert se plaît à décrire le personnage qu’il joue dans son premier long métrage Les scènes
fortuites. La comédie dramatique, tournée avec un tout petit budget, prendra l’affiche vendredi prochain à Montréal et à Québec.
Réunissant à l’écran plusieurs acteurs connus, dont Éric Bernier, Monia Chokri, Bianca Gervais, Jean-Carl Boucher, François Pérusse, Léane Labrèche-Dor et Marie-Chantal Perron, Les scènes fortuites met en scène un jeune cinéaste désabusé de 33 ans (joué par Lambert lui-même)
Guillaume Lambert, qu’on connaît pour ses rôles au petit écran dans Like-moi,
Nouvelle adresse et la websérie L’âge adulte (dont il est aussi l’auteur), ne cache pas qu’il y a beaucoup de lui-même dans ce personnage mélancolique qui traverse une crise identitaire.
« Il y a dans le film une transposition de certaines anecdotes qui me sont arrivées personnellement, mais ça reste quand même de la fiction, précise l’acteur, scénariste et réalisateur en entrevue au
Journal plus tôt cette semaine. « Oui, j’ai eu un début de carrière assez lent, comme le personnage de mon film, et j’ai été dans cette position où j’ai cumulé des petites jobs comme figurant et en traduisant de drôles de vidéos pour des émissions de télé. Mais je trouvais surtout qu’il y avait dans ces anecdotes certains de mes thèmes de prédilection, comme les paradoxes entre le drôle et le triste, le vrai et le faux, l’intime et le tragique.
Je me suis aussi inspiré de bandes dessinées que j’aime. J’avais envie de faire un genre de Charlie Brown de 30 ans avec de vrais comédiens. Comme Charlie Brown, le personnage de mon film est un gars très mélancolique et un peu soupe au lait. Il a toujours un petit nuage au-dessus de la tête. Ça faisait longtemps que je voulais mettre en scène quelqu’un qui doute toujours de ce qu’il fait. Au cinéma, on voit souvent des héros forts qui avancent dans la bonne direction. Moi, j’avais envie de mettre en scène quelqu’un qui ne sait pas où il s’en va », décrit le cinéaste.
À L’AUTOMNE 2016
Guillaume Lambert a tourné Les Scènes
fortuites de façon artisanale avec un budget très modeste (environ 150 000 $) et une petite équipe technique composée de seulement quatre à cinq personnes. La majeure partie du film a été tournée en une vingtaine de jours à Montréal, à l’automne 2016.
« Pour moi, c’était primordial de tourner le film à l’automne, dit-il. Je voulais ainsi répondre aux films indépendants américains qui se déroulent à New York à l’automne. J’avais le goût de filmer Montréal pendant cette période, entre l’Halloween et l’apparition des premières décorations de Noël, où le temps est un peu gris et les feuilles changent de couleur. »
Avec ce film, Lambert a aussi vu l’occasion de tourner avec certains acteurs qu’il aime ou qu’il admire.
« C’était un fantasme de mettre Monia Chokri et Éric Bernier ensemble dans une scène, révèle-t-il. Dans le cas de François Pérusse, c’est quelqu’un qui a beaucoup marqué les gens de ma génération. J’avais envie de l’entendre faire la narration de mon film sur un ton sérieux.
« Quant à l’acteur français Denis Lavant, je l’ai rencontré en 2014 quand il était venu jouer au théâtre à Montréal. Je suis allé à la première de la pièce et je l’ai rencontré après la représentation. Je lui ai dit que je voulais me lancer en réalisation et que j’aimerais tourner une scène avec lui pour un film éventuel. Il a accepté. »
Les scènes fortuites prendra l’affiche vendredi prochain au Clap. Le film sortira dans d’autres villes du Québec au cours des semaines suivantes.