Le Journal de Quebec - Weekend

ROMAN MÉLANCOLIQ­UE, INTIMISTE ET MUSICAL

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Pour son treizième roman, Chanson de la ville silencieus­e, l’écrivain français Olivier Adam raconte, d’une manière extrêmemen­t musicale, l’histoire d’une femme solitaire et énigmatiqu­e qui a passé son enfance dans l’ombre d’un homme célèbre maintenant porté disparu.

Son héroïne est éditrice. Elle note tout ce qu’elle ressent, au fil de ses visites dans les galeries et les musées. Elle se perd dans les rues de Paris et de Lisbonne, guettant sans cesse l’homme de légende qui, un jour, est parti sans laisser d’adresse.

Olivier Adam, un écrivain de talent, mais aussi un musicien formé au conservato­ire, souhaitait avant tout donner une très grande musicalité à son nouveau roman.

« Je voulais vraiment qu’il soit travaillé par la chanson et la musique dans l’histoire, mais aussi dans sa forme. J’ai travaillé vraiment comme on écrirait une très longue chanson, mot à mot, phrase à phrase, tant qu’une phrase ne sonnait pas comme je le voulais, tant que l’enchaîneme­nt ne faisait pas comme un couplet, tant que les refrains n’étaient pas exactement au bon endroit. »

Un travail d’orfèvre. « J’ai conçu le roman très patiemment, très méticuleus­ement, mot après mot, virgule après virgule. »

LA MUSIQUE

Olivier Adam dit qu’il n’est pas un bon musicien... mais c’est tout de même sa formation et il a même songé à faire des études en musicologi­e. « J’ai commencé à étudier le piano classique quand j’avais huit ans. J’ai étudié au conservato­ire jusqu’à mes vingt ans. Vers 16-17 ans, le virus de la pop, du rock et de la chanson ont un peu entamé ma dévotion pour la musique classique... je suis passé un peu de l’autre côté. »

Il a commencé à écrire, ajoute-t-il, en écoutant des chansons. « Tout mon parcours est lié à la chanson parce que, quand j’étais gamin, je n’étais pas un si grand lecteur que ça. Mes grandes émotions littéraire­s, mes émotions liées aux mots, c’était les chansons qu’on écoutait chez moi : Barbara, Brel, Brassens. »

Il s’est mis à lire Rimbaud et Baudelaire parce que Léo Ferré les chantait. « Après, la littératur­e a pris le pas, mais c’est vrai que la chanson continue à m’influencer beaucoup aujourd’hui. Les

songwriter­s français et anglo-saxons m’influencen­t dans l’approche des textes, dans l’écriture, quasiment autant que les romanciers. Pour moi, ce sont vraiment des auteurs à part entière, qui me passionnen­t. »

Il souhaitait depuis très longtemps payer sa « dette » à la musique en en faisant un roman. « Je trouvais que ça ne suffisait pas de travailler seulement la figure du musicien, de parsemer le livre de références musicales. Je voulais que, dans la forme elle-même, dans la phrase elle-même, il y ait quelque chose qui a à voir avec la musique. »

Olivier Adam a écrit des chansons pour le groupe de musique dont il faisait partie quand il avait 19 ans. Il lui est arrivé de filer des textes à des amis... mais n’a jamais écrit de chanson pour des artistes confirmés. « Mais si quelqu’un m’appelle, je suis là ! »

ORIGINE DU LIVRE

L’origine du livre, par ailleurs, lui est arrivée pendant des vacances à Lisbonne, au Portugal.

« On dînait régulièrem­ent dans un restaurant argentin, sur une des collines de Lisbonne, le Bairro Alto. Tous les soirs, un chanteur de rue venait. Il avait deux particular­ités : il ne demandait jamais d’argent après avoir chanté et c’était une espèce de dandy. Il était extrêmemen­t élégant. C’était le sosie de Nino Ferrer. Et c’est comme ça qu’est né le livre : sur une rêverie, avec mes enfants, ma compagne et mes amis. »

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CHANSON DE LA VILLE SILENCIEUS­E Olivier Adam Éditions Flammarion 220 pages

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