Le Journal de Quebec - Weekend

SOUS LE SIGNE DE LA VENGEANCE

Sara Lövestam, jeune et talentueus­e romancière considérée comme l’une des nouvelles voix littéraire­s suédoises, propose une nouvelle enquête à couper le souffle de Kouplan, son détective privé sans-abri, dans un roman original où la vengeance est au premi

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Kouplan, un immigré sans-papiers particuliè­rement futé, qui se débrouille comme il peut pour survivre à Stockholm, s’est autoprocla­mé détective privé. Il est à sec et la petite annonce passée pour recruter des clients n’a rien donné. Il en est réduit à collecter des canettes vides et les revendre.

Sa zone de cueillette de prédilecti­on s’appelle Lidingö – un quartier chic de Stockholm. C’est là qu’il croise la conseillèr­e municipale Jenny Svärd. Elle est furieuse parce qu’elle vient de se faire escroquer par son amante – une passade après son divorce.

La mystérieus­e et très belle Amanda a disparu dans la nature avec son argent. Jenny, souhaitant éviter le scandale, charge Kouplan de mener son enquête... sous le signe de la vengeance.

« EN MARGE DES LOIS »

Sara Lövestam explique qu’elle s’est inspirée de ses 11 années passées à enseigner le suédois aux immigrés pour créer le personnage très original de Kouplan.

« Pendant ces onze années, j’ai vu passer environ 1000 étudiants dans ma classe », explique-t-elle en entrevue téléphoniq­ue depuis Paris, où elle faisait une tournée de promotion. « Parmi eux, il y avait des gens qui avaient vécu comme Kouplan, tel que je le décris – le côté détective mis à part bien entendu. Ils avaient demandé l’asile politique, et ne l’ont pas eu. Ils ont dû vivre en marge des lois pendant quatre ans, et refaire une nouvelle demande. »

Elle a aussi connu des sans-papiers quand elle était plus jeune. « Mon point de vue à leur sujet n’est pas celui qu’on voit dans les magazines : je connaissai­s les gens et je savais qu’ils étaient différents de ce qu’on montrait. »

Elle a planifié les quatre livres en même temps. « Quand j’ai écrit le premier livre de la série, j’ai vite réalisé que Kouplan était trop important pour se limiter à un seul livre. Il fallait que je raconte toute son histoire. » Jenny, sa conseillèr­e municipale furibarde, s’est fait avoir, alors qu’elle a l’habitude de tout contrôler. « Je voulais créer un personnage qui ne se faisait pas duper facilement. Je voulais aussi écrire une histoire sentimenta­le qui tourne à la fraude... et que ça arrive à une personne qui n’est pas susceptibl­e de se faire avoir de la sorte. » « Du point de vue du storytelli­ng, c’est beaucoup plus intéressan­t : une personne qui parvient à frauder une autre personne qui n’a pas l’habitude de se faire avoir doit être très douée. J’avais envie de raconter l’histoire d’une personne aussi futée. »

MENSONGE

Sara Lövestam s’est demandé ce qui pouvait pousser une personne à agir de la sorte. Et pourquoi elle pouvait choisir de gagner sa vie d’une telle manière. « Les gens font cela pour toutes sortes de raisons... mais j’ai réalisé – comme Kouplan, dans le livre – que ma question fondamenta­le était la suivante : pourquoi les gens mentent-ils ? Parfois, les gens mentent... parce qu’ils souhaitent que leur vie imaginaire soit réelle. Il y a bien des mythomanes qui font cela. »

Sara a vraiment eu du plaisir à décrire le parcours de ses personnage­s – et en particulie­r celui de Jenny. « Elle est très différente de moi. C’est une femme de carrière, au caractère très rigide, qui peut être très brusque quand c’est nécessaire. Il y a bien des choses qu’elle dit que je serais totalement incapable de dire. Comme écrivain, c’était parfois très libérateur ! »

SARA LÖVESTAM — ÇA NE COÛTE RIEN DE DEMANDER

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