Le Journal de Quebec - Weekend

SUSPENSE HALLUCINAN­T DANS LES HAMPTONS jours de nos pères,

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Après avoir connu un succès mondial avec La Vérité sur l’Affaire

Harry Quebert, adapté en série télé par Jean-Jacques Annaud et tourné en partie à Forestvill­e avec Patrick Dempsey, l’écrivain suisse romand Joël Dicker propose ce printemps un nouveau roman complèteme­nt hallucinan­t, qui fait déjà l’actualité en Europe : La Disparitio­n de Stephanie Mailer.

Renouant avec le rythme rapide et les nombreux rebondisse­ments inattendus que ses lecteurs ont connus dans La Vérité sur l’Affaire Harry Que

bert, Joël Dicker a mis plus de deux ans à écrire cette nouvelle histoire extrêmemen­t addictive. Et terribleme­nt efficace : une fois commencée, rien à faire, on est happés dedans.

Tout a commencé en 1994 lorsque la petite station balnéaire (fictive) d’Orphea, dans les Hamptons, dans l’État de New York, est secouée par l’assassinat du maire et de sa famille ainsi que d’une passante, témoin du meurtre.

L’enquête, confiée à la police d’État, est menée par un duo de jeunes policiers talentueux, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Vingt ans plus tard, au début de l’année 2014, alors que Jesse s’apprête à prendre sa retraite, une journalist­e, Stephanie Mailer, vient lui dire qu’il s’est trompé de coupable à l’époque. Et puis elle disparaît.

THÉORIE « DU PETIT MONDE »

L’enquête imaginée fait honneur au talent et à l’intelligen­ce de l’auteur, qui s’est inspiré de la théorie « du petit monde » du psychologu­e Stanley Milgram pour construire son roman. Cette théorie dit qu’on est tous reliés les uns aux autres par une chaîne de six personnes – cet écart étant réduit à moins de six aujourd’hui avec les réseaux sociaux.

« J’avais envie de raconter une histoire où il y avait beaucoup de personnage­s qui seraient liés autour d’un événement qui les relierait entre eux », explique-t-il en entrevue depuis la Suisse. « Au début, j’avais imaginé six personnage­s... ça a dégénéré. (Il rit.) De six, je me suis retrouvé à 30 personnage­s. Mais c’était l’idée de départ. »

Le quadruple meurtre du début est inventé, tout comme la ville d’Orphea. « J’ai vraiment cet attrait pour la fiction. Je crois que ça fait que ces derniers romans étaient aux États-Unis : parce que c’est une région que je connais bien. Comme je ne vis pas là, il y a cet éloignemen­t que je préfère. »

Il avait aussi envie de travailler la crédibilit­é des personnage­s et le rapport entre le lecteur et eux.

« Dans ce roman, j’avais envie d’être celui qui invite les lecteurs et les personnage­s à un dîner, que les personnage­s se rencontren­t, et puis laisser un peu les choses se faire. Essayer de ne pas trop en dire... en dire suffisamme­nt pour que le lecteur puisse comprendre qui est Anna, qui est Jesse... mais ne pas trop en dire non plus pour laisser de la place à l’imaginaire. »

DE LA HAUTE VOLTIGE

Joël Dicker étonne quand il explique qu’avec une architectu­re romanesque aussi complexe, il n’a pas de plan précis pendant l’écriture. « Je pense que c’est justement ça qui me permet d’aller plus loin dans la constructi­on. Je crois que si je savais exactement ce que j’allais faire, le roman serait moins riche. »

Les indices qu’il sème au fur et à mesure dans ce fameux jeu de pistes mettent les lecteurs dans le doute... et Joël Dicker les conduit malicieuse­ment dans des culs-de-sac. Il maîtrise parfaiteme­nt l’art du suspense, et les fameux cliffhange­rs qui terminent chaque chapitre agissent comme une drogue. Son roman est de la haute voltige : architectu­re compliquée,

flash-back, narrateurs multiples. Il assure avoir ressenti un grand sentiment de liberté en écrivant ce roman. « J’avais l’impression d’avoir plus une identité d’écrivain, d’avoir plus confiance en moi, plus confiance en ma capacité à faire quelque chose.

Harry Quebert, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il ait un succès. » √ En librairie le 23 mars. √ Joël Dicker participer­a au Salon internatio­nal du livre de Québec en avril. √ Joël Dicker est né à Genève en 1985. √ Il est juriste de formation. √ Son premier roman, Les derniers a été récompensé par le Prix des écrivains genevois 2010. √ La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, publié en 2012, s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaire­s. √ Il aimerait travailler avec Fabio Conversi pour une possible adaptation à l’écran de ce nouveau roman. √ La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est en montage et sera diffusé au courant de l’année.

 ??  ?? PHOTO COURTOISIE, VALERY WALLACE STUDIO CYAN
PHOTO COURTOISIE, VALERY WALLACE STUDIO CYAN
 ??  ?? LA DISPARITIO­N DE STEPHANIE MAILER Joël Dicker Éditions de Fallois 640 pages
LA DISPARITIO­N DE STEPHANIE MAILER Joël Dicker Éditions de Fallois 640 pages

Newspapers in French

Newspapers from Canada