Le Journal de Quebec - Weekend
UNE MÈRE AU BORD DE LA CRISE DE NERFS
La crise de la cinquantaine chez les femmes est un sujet qui a peu souvent été abordé au cinéma. Avec leur nouvelle comédie dramatique, Jalouse, les cinéastes français David et Stéphane Foenkinos se sont penchés sur cette réalité en racontant les hauts et
Dans ce second film des réalisateurs de La délicatesse, l’actrice française Karin Viard se glisse dans la peau d’une professeure de littérature divorcée qui vit difficilement le passage de la cinquantaine. Se sentant vieillir et voyant que son ex-mari est retombé en amour avec une femme plus jeune, elle se met soudainement à développer une jalousie maladive à l’égard des personnes qui l’entourent.
Sa première cible sera sa propre fille, qui vient tout juste de célébrer son 18e anniversaire et qui étudie en danse classique. Plus tard, elle finira par s’en prendre à tous les gens qu’elle côtoie, y compris sa meilleure amie, jouée dans le film par la Québécoise Anne Dorval.
« On voulait raconter ce moment de la vie où on bascule et où la société décide que vous n’existez peut-être plus », explique Stéphane Foenkinos, lors d’un entretien téléphonique accordé au Journal plus tôt cette semaine.
« On a rencontré beaucoup de femmes pour écrire le scénario. Il y a une de mes amies qui m’a dit : “Un jour, tu prends le métro, et ce n’est plus toi qu’on regarde, c’est ta fille”. Je pense que je n’avais pas mesuré la violence de la société à l’égard d’une femme qu’on dit périmée. Avec ce film, on a voulu montrer une héroïne qui est belle et désirable, mais qui s’inflige à elle même toute cette aigreur parce qu’elle sent qu’elle vieillit. Elle voit le bonheur autour d’elle et elle pète une coche. Elle se saborde elle-même. »
SUJET TABOU
Le choix de Karin Viard pour le rôle principal du film a été une évidence pour les frères Foenkinos :
« Dès qu’on a choisi d’aborder un sujet complexe comme la jalousie mère-fille, on a tout de suite senti qu’il y avait le potentiel pour que ça devienne trop sombre ou trop dramatique, explique Stéphane Foenkinos. Mais avec Karin, on savait qu’elle allait contrebalancer avec son potentiel comique et l’amour que le public lui porte, ce qui faisait en sorte qu’on n’allait pas rejeter le personnage.
« Parce que son personnage fait des choses horribles. Mais Karin réussit tout de même à la rendre humaine. Et elle permet au spectateur de s’identifier à elle. Autant les femmes que les hommes, d’ailleurs. On s’est rendu compte en allant présenter le film que la jalousie parents-enfants était très fréquente et que c’est un sujet qui n’a pas souvent été abordé. »
Pour Anne Dorval – qui dit avoir pris beaucoup de plaisir à jouer une Parisienne dans le film –, le thème de la jalousie sert de prétexte pour parler du « temps qui passe et de la difficulté de vieillir et de changer de corps » :
« La vie n’est plus ce qu’elle était à cet âge-là, indique l’actrice québécoise. On n’en parle pas souvent au cinéma parce que ce n’est pas très sexy. Ce qui est plus courant au cinéma, c’est de voir de la beauté, de la jeunesse, du rêve. Et il n’y a personne qui rêve de la ménopause et du fait de vieillir. Je trouve que le film en parle de façon douce et élégante. (...) C’est un feel
good movie charmant ».