Le Journal de Quebec - Weekend

STEVEN SPIELBERG REVISITE LES ANNÉES 1980

Science-fiction, références de culture populaire, effets spéciaux, budget évalué à 200 millions $... voici la nouvelle méga production de Steven Spielberg, qui met en vedette Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn, Simon Pegg et Mark Rylance.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E Agence QMI

S’attaquer à l’adaptation du roman d’Ernest Cline était, de l’avis de tous, un terrain miné. En présentant Player

One au public de SXSW la semaine dernière, le cinéaste oscarisé n’a pas caché à quel point il s’était investi dans le long métrage.

« Quand je réalise un film que je dirige en restant derrière la caméra – et j’ai fait énormément de films historique­s comme Le Post ou Le pont

des espions – je suis en contrôle. Mais lorsque je décide de réaliser un film dans lequel je suis assis avec vous, le public, cela signifie que je fais le film pour vous. Et votre réaction est tout pour moi. Absolument tout. »

LA CULTURE DU JEU

Player One se déroule en 2045 alors que les grandes villes du monde sont devenues, sous l’effet des changement­s climatique­s, de la surpopulat­ion, de la pollution et de la corruption, des bidon-

villes. La seule échappatoi­re est l’OASIS ( Ontologica­lly Anthropoce­ntric Sensory

Immersive Simulation), un jeu de rôle en ligne devenu un véritable refuge virtuel. C’est dans ce contexte qu’on fait la connaissan­ce de Wade Watts ( Tye

Sheridan), un jeune homme de 18 ans, fervent utilisateu­r d’OASIS. Lorsque James Halliday (Mark Rylance), son créateur, décède, il promet de léguer son immense fortune de 500 milliards $ à quiconque trouvera l’oeuf de Pâques ( easter egg, un message ou une référence cachée) qu’il a dissimulé dans

Anorak’s Quest, son dernier jeu à l’intérieur de l’OASIS. Wade amorce donc sa quête, alors même que Nolan Sorrento (Ben Mendelsohn), le patron d’Innovative Online Industries (IOI), se met en tête de découvrir l’oeuf de Pâques avant tout le monde.

« Je suis un joueur ( gamer). Je suis un joueur depuis 1974, lorsque je jouais au tout premier Pong à Martha’s Vineyard pendant le tournage de Les dents de la

mer, a expliqué Steven Spielberg. Mais je voulais vraiment faire ce film avec Ernest Cline et mon excellent scénariste Zak Penn pour les gens qui ne jouent pas à des jeux vidéo. Ce n’est pas uniquement un film pour les joueurs. »

Le cinéaste ne connaissai­t pas le roman, paru en 2011 aux États-Unis, avant de recevoir le scénario.

« Quand j’ai lu le livre, une scène m’a fait dire oui au film. C’était un dialogue de quatre pages entre Parzival [l’avatar de Wade] et Art3mis [NDLR : l’avatar de Samantha (Olivia Cook), une joueuse rencontrée en ligne]. C’est leur échange le plus long du livre. Et je me suis dit qu’il fallait que je concentre et réduise ce dialogue afin d’illustrer leur relation. Car Player One est autant un film de personnage­s qu’un film d’action. »

Anecdote amusante, Cate Capshaw, l’épouse de Steven Spielberg, est une

grande amatrice du roman !

« Ma femme fait de la course à pied et, tous les matins lorsqu’elle allait courir, elle écoutait le roman en livre audio. Ce n’est pas du tout son genre d’histoire, elle n’a jamais joué à un jeu vidéo de sa vie et pourtant, on n’a pas besoin de jouer pour comprendre le récit. Au bout de trois jours, elle m’a dit – et à ce moment-là, j’avais déjà décidé de faire le film – qu’il n’y avait aucune réflexion à avoir, que je faisais ce film ! » LES RÉFÉRENCES

Ernest Cline indiquait au magazine britanniqu­e Empire que « ce que j’espérais qui se produise [avec l’adaptation] est ce qu’on a vu dans Qui

veut la peau de Roger Rabbit. Mickey Mouse, Donald Duck et Bugs Bunny étaient tous dans la même scène, et je réalise aujourd’hui que c’est Steven Spielberg le producteur qui a rendu cela possible. C’était une production Amblin et les créateurs voulaient que leurs propriétés soient présentées dans un projet auquel il participai­t. C’est exactement ce qui s’est produit pour Player One. »

Car le roman comprend une foultitude de références à des éléments de la culture populaire des dernières décennies, qu’il s’agisse de jeux vidéo ( Duke Nukem, Street Fighter, Tomb Raider, etc.), de populaires séries télévisées ( Ultraman, Le trône de fer) ou de films (les Indiana Jones, Retour vers le futur).

Malgré le nom de Steven Spielberg au générique, certaines références n’apparaisse­nt pas, faute d’accord d’utilisatio­n. Ainsi, on ne verra pas de dragon du Trône de fer, pas plus qu’il n’y a – et c’est l’un des moments les plus importants du livre – de mention de l’univers de Monty Python, sacré

Graal ! Par quoi le film culte a-t-il été remplacé ? Mystère et boule de gomme... « Mais cela surprendra et choquera les cinéphiles », promettait Ernest Cline.

L’écueil que personne ne prévoyait, par contre, était d’avoir à convaincre… Steven Spielberg lui-même de référencer ses propres oeuvres. Comme l’expliquait Zak Penn, c’est « parce qu’il ne voulait pas que le film devienne une espèce de dissection de ses oeuvres. » Avec le chef décorateur Adam Stockhause­n, Ernest Cline et Zak Penn se sont néanmoins assurés que bon nombre de films marquants de Spielberg soient inclus. Ainsi, la DeLorean de Retour vers le futur figure de manière proéminent­e. Les

Gremlins sont bien là – « Nous avons filmé sept fois la même scène et, lors de la dernière prise de vues, je me suis exclamé : “Merde ! Est-ce un Gremlin ?” Industrial Light & Magic en avait caché un, pensant que je ne m’en apercevrai­s pas ! », a relaté Steven Spielberg à SXSW – de même que Rencontres du

troisième type, Les Goonies ou Parc Jurassique.

Quant au cinéaste, son amour des années 1980 ne l’a jamais quitté. « Je pense que nous étions fabuleux dans les années 1980. J’espère d’ailleurs que le film nous transporte tous dans ce contexte fabuleux des années 1980. J’aime les eighties. Je crois que l’une des raisons pour lesquelles j’ai fait le film est qu’il m’a ramené dans les années 1980 et m’a permis de faire tout ce que je voulais, sauf avec mes propres films. […] Exception faite de la DeLorean et de quelques autres références, j’ai coupé beaucoup de mes films. J’ai d’ailleurs été très heureux de constater qu’il y avait suffisamme­nt d’autres oeuvres qui avaient fait des années 1980 une époque formidable dans laquelle grandir. » Player One déboule dans les salles obscures de la province dès mercredi.

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Player One se déroule en 2045 alors que les grandes villes du monde sont devenues des bidonville­s.
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Avatar de Wade Watts, personnage principal du long métrage.
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S O R B R E N R A W S O T O H P millions $, la Avec son budget évaluéà200 Steven Spielberg nouvelle méga production de n’a pas lésiné sur les effetsspéc­iaux.
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Lorsque le fondateurd­u jeu de rôle virtuel OASIS décède, il promet de léguer 500 milliards $ à quiconque trouvera l’oeuf de Pâques.

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