Le Journal de Quebec - Weekend

JAMAIS DÛ ÊTRE

LE RETOUR QUI N’AURAIT

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX Le Journal de Montréal

C’était à prévoir. La résurrecti­on d’American Idol n’a fait que confirmer une chose : au royaume des compétitio­ns musicales, le format qui dominait autrefois les ondes paraît maintenant dépassé à côté d’une émission comme The Voice. Au Québec, ce serait un peu comme ramener Star Académie pour tenter de faire tomber La Voix. Analyse d’un retour qui n’aurait jamais dû avoir lieu.

Remisée par FOX au printemps 2016 après plusieurs années de cotes d’écoute en déclin, American Idol a repris du service au début du mois à ABC. Son retour a piqué la curiosité de 10 millions de téléspecta­teurs le premier soir. Un résultat solide à défaut d’être épatant. Mais depuis, son auditoire s’effrite, particuliè­rement le lundi soir, alors que l’émission est opposée à The Voice à NBC. Car American Idol souffre énormément au jeu des comparaiso­ns. Ce qui était révolution­naire en 2002 ne l’est plus du tout en 2018. La façon dont chaque audition est présentée paraît un peu simpliste. Après une brève capsule vidéo relatant le parcours d’un candidat, ce dernier se présente devant trois juges, échange quelques banalités avec eux et chante sa chanson a capella ou accompagné au piano. Aucun fauteuil qui tourne, aucune foule qui hurle, aucune joute verbale entre coachs pour déterminer dans quelle équipe le participan­t atterrira. Le tout manque crûment d’épices et nous fait réaliser qu’on est tous passé à autre chose… ou qu’on a besoin de plus. De beaucoup plus...

LE FACTEUR KATY PERRY

Une chose est sûre : ABC ne peut blâmer les juges pour cet échec. Confortabl­ement installée entre Lionel Richie et Luke Bryan, Katy Perry pimente chaque audition du mieux qu’elle peut. Elle en fait parfois trop, comme lorsqu’elle a abruptemen­t embrassé un concurrent de 19 ans qui n’avait jamais été en couple, mais la plupart du temps, elle sait exactement jusqu’où elle peut aller. On aime sa candeur. Elle n’hésite pas à taquiner ses copanélist­es quand l’occasion s’y prête, ce qui permet de créer une dynamique intéressan­te entre eux. Ses expression­s faciales valent également le détour. Quand quelque chose lui plaît, ses yeux brillent. Quand elle n’en a que faire, elle n’essaie pas de cacher son jeu en affichant un sourire niais.

Beaucoup plus beiges, Lionel Richie et Luke Bryan jouent bien leur rôle de soutien. Le premier à titre de vétéran, le second à titre de représenta­nt du country.

INFLUENCE

Le problème, c’est tout ce qui entoure le trio.

The Voice a beau avoir pris l’antenne en 2011, neuf ans après American Idol, son arrivée a grandement influencé le phénomène télévisuel. L’ambiance plus chaleureus­e du rendez-vous n’est pas passée inaperçue, et tranquille­ment, les commentair­es méchants des juges d’Idol ont commencé à disparaîtr­e, tout comme les auditions aux allures d’accident de train (tout le monde se rappelle avoir bien rigolé en voyant William Hung reprendre maladroite­ment She Bangs de Ricky Martin).

Mais en tentant de copier The Voice, les producteur­s d’American Idol se sont tirés dans le pied. Parce qu’entre deux émissions de nature semblable au ton également sympathiqu­e, le choix est évident : on prend celle avec des auditions à l’aveugle, des duels, des chants de bataille et mille et un artifices.

Et si l’envie d’être témoin de malaises nous envahit, on reviendra à

American Idol pour voir un chien déféquer un peu partout en studio pendant qu’au micro, sa maîtresse tente de convaincre les juges qu’elle mérite son « billet pour Hollywood ».

Autre exemple de moments qui nous ont fait grincer des dents cette semaine, cette aspirante chanteuse qui croyait dur comme fer être la prochaine Mariah Carey, alors qu’en réalité, elle était à peine une Christina Milian. Ou encore ce jeune blanc-bec qui n’avait aucune idée comment ajuster sa guitare...

PÉPINIÈRE DE TALENTS

Pourtant, contrairem­ent à The Voice,

American Idol a fait ses preuves comme pépinière de talents. De Kelly Clarkson à Carrie Underwood, la compétitio­n a propulsé la carrière de plusieurs candidats, un exploit que The Voice ne peut se targuer d’avoir réalisé.

Ce « détail » ne semble toutefois pas perturber les millions de personnes qui regardent religieuse­ment Adam, Blake et compagnie saison après saison. Parce que ce qu’ils veulent, d’abord et avant tout, c’est un bon show. Et sur ce point, The Voice remplit toujours ses promesses. ABC et CTV2 présentent American Idol les dimanches et lundis à 20 h.

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L’animateur d’American Idol, Ryan Seacrest, en compagnie des juges Lionel Richie, Katy Perry et Luke Bryan AMERICAN IDOL

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