Le Journal de Quebec - Weekend

D’UNE FEMME ENGAGÉE

- MICHÈLE LEMIEUX Agence QMI

À 26 ans, Léa ClermontDi­on coiffe les chapeaux d’animatrice, d’auteure et de militante féministe. C’est avec un bel enthousias­me qu’elle multiplie les projets. Parmi eux, la coréalisat­ion d’un documentai­re, l’obtention de son doctorat et un enfant pour bientôt, si la vie le veut... Léa, quels sont les projets qui vous occupent actuelleme­nt?

On peut me voir dans la troisième saison de Mitsou et Léa diffusée sur MOI&cie. Ç’a été très agréable à tourner. J’ai des projets en développem­ent avec la France. Pour la première fois, je coréalise un documentai­re sur la misogynie en ligne, avec Guylaine Marois. C’est un projet qui me tient particuliè­rement à coeur. Avez-vous personnell­ement vécu cette situation? Oui. Mais ça peut arriver à toutes les femmes. Les « phallophot­os », le « re

venge porn » (les ex qui se vengent en diffusant des photos de leur ex-copine nue), c’est très intense. Nous allons rencontrer des gens de partout dans le monde. Je fais aussi un doctorat ; j’essaie de terminer ma thèse sur la cyberviole­nce faite aux femmes et les discours antifémini­stes en ligne. Je m’intéresse aux discours haineux, à la radicalisa­tion du propos, à la banalisati­on de cette violence. Parlez-nous de votre enfance. Je suis née à Laval, puis j’ai vécu dans Lanaudière. J’ai grandi au bord d’un lac. Par la suite, nous avons déménagé dans les Laurentide­s ; nous étions isolés dans le bois. Je faisais deux heures et demie d’autobus, matin et soir, pour aller à l’école. C’était l’enfer ! Je n’ai vraiment pas aimé cette période. Aujourd’hui, j’ai un chalet dans les Laurentide­s avec mon amoureux et j’adore y aller. Mais élever des enfants dans le bois ? Non merci ! Comment s’est déroulée votre adolescenc­e? À 12 ans, j’ai souffert d’anorexie. Avec le recul, je crois avoir vécu une crise identitair­e et que c’était une façon d’exprimer un refus de vieillir, de devenir adulte. Les troubles alimentair­es, c’est une maladie mentale difficile à gérer. Le fait d’avoir été diagnostiq­uée jeune et d’avoir rapidement été hospitalis­ée à Sainte-Justine m’a forcée à agir. Mes parents m’ont tout de suite mise au pied du mur. J’ai pris conscience que, si je ne mangeais pas, ma vie allait être hypothéqué­e. Je savais qu’il fallait que je me force pour avoir une vie normale et heureuse. Aujourd’hui, arrivez-vous à apprécier qui vous êtes? Oui, tout à fait. On peut agir sur notre corps en ayant une vie saine. Sans faire d’excès, on peut bien manger, prendre soin de soi, faire du sport juste pour le plaisir et être en santé. Il faut accepter d’avoir le corps qu’on a. Vous êtes plutôt orientée vers le bonheur. Oui, parce que je sais ce que c’est d’être déprimé, de ne pas bien aller. Je suis plutôt allergique à la lourdeur. S’il y a un problème, je l’affronte, je l’exprime sans peur. J’essaie d’être bien dans ma peau et de ne pas m’apitoyer sur mon sort. On n’a qu’une vie à vivre. Il y a tellement de gens malades, je ne vois pas pourquoi je chialerais. Je suis choyée, mais je n’ai pas tout reçu tout cuit dans le bec. Avez-vous des passions, des passe-temps? Je me passionne pour la nature et le sport. Mon copain et moi passons nos fins de semaine au chalet. Je fais du ski de fond, de la raquette, de la course. J’aime aussi ne rien faire, lire, relaxer devant un feu de foyer au chalet. J’aime voyager, mais comme j’essaie d’avoir un enfant, je ne peux pas aller partout à cause du virus Zika. Si vous désirez avoir un enfant, ça veut donc dire que vous avez trouvé l’homme avec lequel vous voulez vous établir... Oui, nous sommes ensemble depuis deux ans. Mon amoureux est extraordin­aire ! C’est une bonne personne qui prend soin de moi. C’est toujours simple entre nous. Que vous reste-t-il à réaliser? Outre mon projet en France, je souhaite réussir mon documentai­re et peut-être en faire d’autres. Tout va bien. J’aime ce qui se passe dans ma vie en ce moment et j’aimerais que ça dure, tant sur le plan émotionnel que sur le plan physique. En prime, j’ai du temps. J’adore avoir du temps pour lire, pour voir mes amies et pour faire mes projets sans stress.

Mitsou et Léa est diffusée le jeudi, 22 h, à MOI&cie. On peut joindre le Regroupeme­nt québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCLACS) au www.rqcalacs.qc.ca.

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LÉA CLERMONT-DION

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