Le Journal de Quebec - Weekend

QUAND UN MARIAGE S’ESSOUFFLE

Avec une plume colorée et très énergique, la journalist­e torontoise Leah McLaren examine comment un couple survit – ou pas ? – à l’arrivée de jumeaux et à l’essoufflem­ent de son mariage dans Un mari idéal, un vrai bon roman tout juste traduit en français.

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Les deux héros du roman, Maya et Nick, ont laissé aller leur union, pourtant excellente, depuis la naissance des enfants. Pendant que Nick connaît tout un succès dans le domaine de la publicité et qu’il multiplie les aventures, Maya a troqué son rôle d’avocate spécialisé­e en divorces pour celui de maman à temps plein.

Heureuseme­nt pour elle, Velma, la femme à tout faire, l’aide pour la gestion domestique et lui prête une oreille attentive. Elle peut aussi lui raconter à quel point son couple bat de l’aile et que Nick et elle vivent plus comme des colocatair­es que des amoureux.

Nick, de son côté, étouffe et décide de divorcer. Mais comme ses finances vont très bien, merci, ça risque de lui coûter très cher. Il établit, à la suggestion de Wakefield, son ami avocat, une petite stratégie : il devra jouer au père idéal et au mari parfait pendant que Maya retournera travailler, avant d’innocemmen­t demander le divorce.

Mais Nick se prend au jeu : il retombe amoureux de sa femme et apprécie finalement sa vie de famille... jusqu’à ce que Maya découvre son secret.

Leah McLaren était en premier congé de maternité quand elle a commencé à écrire ce roman percutant, très drôle, qui dresse un portrait psychologi­que très intéressan­t d’un couple en péril. « J’avais cette idée depuis très longtemps. Je pensais en faire un scénario, mais j’en ai finalement fait un livre », dit-elle en entrevue. « Le livre est sorti en anglais il y a quelques années et une compagnie britanniqu­e a acheté les droits d’adaptation cinématogr­aphique. J’ai coécrit le scénario avec Tassie Cameron. Donc curieuseme­nt, je reviens au scénario! »

ÉPOUX TORDUS

« Curieuseme­nt, j’étais mariée et heureuse quand j’ai écrit ce roman. Mais je me suis toujours intéressée au sujet des hommes qui font des efforts pour être de bons maris alors qu’en réalité ils préparent leur divorce. »

Une manière tordue de faire les choses... mais très répandue, assure Leah. « On comprend pourquoi Maya est tellement perturbée quand elle découvre la vérité!, s’exclame-t-elle. Ce sont des choses qui arrivent. J’ai discuté avec une de mes amies qui est une avocate spécialisé­e dans les divorces, et elle m’a confirmé que ça existait pour vrai. Les gens super riches font ça : se comporter d’une manière qui les fait paraître à leur avantage, pour être capable de s’ajuster. »

« ÉTREINDRE LE CHAOS »

Le divorce est un business payant, ajoute-t-elle. « Les gens perdent des millions de dollars dans toutes sortes de choses. Mais il y a deux points sur lesquels ils vont se battre à mort : la question des enfants et l’argent. »

Leah McLaren décrit très bien la manière dont Maya canalise son énergie profession­nelle dans l’organisati­on domestique. « Il faut qu’elle retourne travailler et qu’elle retrouve son ambition profession­nelle, ce qui est libérateur pour elle. Et il faut qu’elle étreigne complèteme­nt le magnifique désordre de sa vie familiale, qui est en fait rempli d’amour. Je pense qu’avec des enfants, c’est impossible d’avoir une vie familiale parfaite : il faut trouver moyen d’étreindre le chaos. »

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LE MARI IDÉAL Leah McLaren Éditions Albin Michel environ 340 pages
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