Le Journal de Quebec - Weekend

UN FILM QUI REND HEUREUX

Steven Spielberg délaisse les films sérieux pour revenir aux sources et au genre qui a fait, à juste titre, sa renommée.

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ISABELLE HONTEBEYRI­E Agence QMI Un constat s’impose tout au long de ce film d’aventures de 140 minutes : on retrouve tant le Spielberg réalisateu­r, celui des Indiana Jones, de L’empire du

soleil et de Rencontres du troisième type, que le Spielberg producteur, celui des

Retour vers le futur, des Gremlins et de toutes ses oeuvres qui ont jalonné le cinéma américain. Résolument optimiste, et en cela digne héritier de Frank Capra, l’homme des Dents de la mer ressuscite le rêve américain dans ce qu’il a de plus accessible – l’espoir –, continuant ainsi de faire sienne la mythologie inventée par les fondateurs des grands studios il y a plus de 100 ans. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Player

One est intimement en phase avec l’époque actuelle. L’adaptation du roman d’anticipati­on à succès d’Ernest Cline (l’auteur a d’ailleurs collaboré au scénario) plonge le spectateur au coeur d’un monde virtuel, l’OASIS, dans lequel l’humanité trouve, en 2045, l’évasion nécessaire pour supporter un quotidien peu réjouissan­t.

ÉNIGME

Fidèle à ses thèmes de prédilecti­on, Spielberg fait du jeune Wade Watts (Tye Sheridan) le héros de cette quête. À travers son avatar Parzival, il devra trouver les clés (littéralem­ent) de l’énigme laissée par James Halliday (Mark Rylance, un choix parfait), créateur d’OASIS qui veut faire du gagnant de cette course au trésor le propriétai­re de sa compagnie. Les enjeux financiers étant énormes, Wade aura à contrer les assauts de Nolan Sorrento (Ben Mendelsohn), patron d’Innovative Online Industries (I.O.I.), déterminé à mettre la main le premier sur cette manne.

Parce que James Halliday est un grand fan des années 1980, l’OASIS est rempli de références à cette période. Les cinéphiles sont accueillis par un feu roulant de musique, du Take On Me d’A-ha, au I Hate Myself de Joan Jett, en passant par le Stayin’ Alive des Bee Gees, pièce sur laquelle Spielberg fait danser, au mépris des lois de la gravité et avec une magnifique poésie, Parzival et Art3mis (Olivia Cooke), l’avatar de Samantha, une amie du jeune homme qui lui viendra en aide.

JOYEUSE NOSTALGIE

Les clins d’oeil sont légion grâce aux effets visuels d’une qualité supérieure. On verra Alien, King Kong, Stanley Kubrick, Freddy Kruger, Retour vers le

futur, Parc jurassique et les jeux vidéo qui ont marqué cette époque. En prêtant l’oreille, on entendra l’incantatio­n d’Excalibur, et en faisant très attention, on verra une affiche du premier long métrage Star Trek, un autocollan­t de

La folle journée de Ferris Bueller et une quantité d’autres souvenirs d’une époque qui apparaît désormais glorieuse.

Dans Minuit à Paris, Woody Allen associait regrets et nostalgie. Avec Player

One, Steven Spielberg nous démontre tout le contraire. La nostalgie peut être joyeuse, inspirante, et surtout, porteuse d’espoir. Et après avoir vu ce long métrage lumineux, drôle, enchanteur et magistral, gageons que les superprodu­ctions à venir de Marvel nous sembleront bien fades.

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