Le Journal de Quebec - Weekend
EST-CE POSSIBLE DE MOURIR DEUX FOIS ?
Avec Malek et moi, l’écrivain Alain Beaulieu signe de main de maître un roman absolument surprenant, remarquable à tout point de vue. Grâce à une architecture sans faille, il nous entraîne dans l’invraisemblable rencontre entre l’écrivain et une écorchée
Lors d’un voyage à l’étranger, l’écrivain Alain Beaulieu reçoit un courriel d’une lectrice qui lui demande son aide pour raconter sa propre histoire. Alain Beaulieu accepte donc de rencontrer Nadine Pilon, qui lui raconte tous les événements qui sont venus bouleverser sa vie.
Et il y en a : son séjour à Paris a été marqué par la rencontre d’un homme occupé à de mystérieuses tractations... qui lui en fera voir de toutes les couleurs.
Alain Beaulieu raconte Alain Beaulieu, qui raconte Nadine Pilon... L’écrivain de talent jongle avec le réel dans cette construction brillante, où le suspense dure jusqu’à la dernière ligne. Vérité ou mensonge ?
« Ça reste un roman : il y a des parties vraies, des parties pas vraies, confie Alain Beaulieu en entrevue. Les gens se demandent, à la fin du livre, ce qui est vrai et pas vrai, parce qu’ils ont été touchés, émus. Mais j’hésite à répondre parce que je ne veux pas briser la magie qu’est la littérature. Ça se peut que Nadine Pilon ne soit pas morte, comme moi, je le décris... »
HAUTE VOLTIGE ET SOLIDITÉ
La structure du roman relève de la haute voltige et la solidité de l’intrigue révèle à la fois le très grand savoir-faire d’Alain Beaulieu et la puissance de son imagination. « Je voulais offrir un jeu à mes lecteurs. Je suis un écrivain : je transforme le réel. » Il s’est luimême mis en scène comme personnage dans le roman. Mais il avertit ses lecteurs : le Alain Beaulieu du roman n’est pas le Alain Beaulieu de la vraie vie. « Nadine Pilon, c’est pareil. Après, ce que le lecteur perçoit comme vrai ou faux, je lui laisse ça à lui. » Il ne sait pas si
est son roman le plus complexe, sur le plan de la forme, mais il précise que c’est certainement celui qui lui a permis d’aller le plus loin dans le jeu de la fiction, dans la véracité d’une histoire.
Les lecteurs ont le sentiment d’être au coeur de l’action. « J’ai eu une année sabbatique à l’université et je suis allé rester deux mois à Saint-Malo. C’est à ce moment-là que j’ai écrit L’interrogatoire de Salim Belfakir,
mon roman précédent. À la fin du voyage, on a passé deux semaines complètes à Paris, dans le quartier qui est décrit dans le roman. Le restaurant que je décris, je suis allé manger là souvent. Je connais bien les lieux. »
ATTACHÉ AUX PERSONNAGES
Il s’est attaché émotivement aux personnages. « Je vais te faire une espèce de confidence : quand j’ai relu le roman, à la fin, j’ai pleuré. C’est complètement ridicule... mais il y a quelque chose dans le personnage de Nadine Pilon qui m’a ému dans la lecture. »
Il y a également du suspense dans ce roman qu’on dévore d’une couverture à l’autre. « Je n’écris pas de roman policier, mais il y a une intrigue : il y a quelque chose qui t’amène à vouloir en savoir plus. »