Le Journal de Quebec - Weekend

LA TORNADE Amy Schumer

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Sur scène, l’humoriste new-yorkaise parle de sexualité, d’aventures, de prostituée­s et de son corps. À l’écran, l’actrice explore l’amour et les relations mère/fille. Dans les deux cas, elle s’est amplement moquée des convention­s. Aujourd’hui, avec Moi, belle et jolie, elle part à la conquête de son image corporelle et répond à nos questions.

Moi, belle et jolie est l’histoire de Renée, incarnée par Amy Schumer, une jeune profession­nelle qui travaille dans une prestigieu­se compagnie de produits de beauté. « Elle n’a aucune estime d’elle-même », souligne, lors d’une entrevue par courriel, l’actrice et productric­e de 36 ans, qui s’est jointe avec enthousias­me au projet développé par le tandem de scénariste­s et réalisateu­rs formé d’Abby Kohn et Marc Silverstei­n.

« Oui, j’ai participé au scénario et j’ai aussi collaboré aux visuels du film », détaille-t-elle. Car cette comédie dramatique insiste sur la pression que ressentent les femmes à devoir se conformer à un idéal de beauté inatteigna­ble, créant donc de l’insécurité et un constant sentiment de rejet.

Un soir, Renée fait le voeu d’être belle. Le lendemain, lors d’une séance de vélo stationnai­re, elle est victime d’un accident : elle tombe sur la tête et se réveille en se pensant aussi parfaite qu’un top-modèle.

« C’est le message du film qui m’a attirée », indique la jeune femme, qui avoue avoir pour objectif de faire en sorte que les gens rient et donc se sentent bien. En jouant sur l’aspect comique de la situation, notamment face à ses meilleures amies Vivian (Aidy Bryant) et Jane (Busy Philipps) qui ne constatent aucun changement chez Renée, Amy Schumer fait passer une réflexion d’importance : la confiance en soi ne dépend pas des autres.

PAS FROID AUX YEUX

Connue pour ses sketches débridés et son franc-parler, Amy Schumer n’a pas l’habitude de pratiquer le politiquem­ent correct. Il en est de même dans Moi, belle et jolie qui ne manque pas de scènes grinçantes.

« C’est moi qui ai insisté pour bouger devant le miroir dans mon Spanx [NDLR : Un sous-vêtement amincissan­t] et pour danser dans la scène du bikini plutôt que de rester statique. Cela a été un réel plaisir que de travailler avec [Abby et Mark], leur scénario était un excellent outil de départ. »

Dans la scène du bikini, Renée participe à un concours en petite tenue au grand dam de son amoureux (Rory Scovel), qui a peur qu’elle se ridiculise. Mais la danse qu’elle effectue à moitié vêtue et son enthousias­me communica- tif rallient vite l’assistance.

Est-ce cette scène qui a choqué? Est-ce celle dans laquelle elle se déshabille? Ou bien est-ce le fait qu’Amy Schumer – avec ses deux coéquipièr­es et amies dans la vie, Aidy Bryant et Busy Philipps – n’est entourée que d’actrices filiformes? Car le film n’était pas encore sorti que bon nombre d’internaute­s ont pris l’humoriste à partie sur les réseaux sociaux, l’accusant de dénigrer l’apparence, tant des femmes minces que des femmes plus enrobées.

DES CAROTTES DANS UN BROWNIE

Loin de l’atteindre, ces critiques ont renforcé sa position. « Ça m’a encore plus donné envie que les cinéphiles voient le film. C’est l’histoire d’une femme qui manque d’estime d’elle-même, quelque chose que nous connaisson­s tous. Et personne n’a le droit de dire si oui ou non quelqu’un devrait avoir des problèmes de confiance en soi. » La scène du Spanx, pour Amy Schumer, a obéi à une volonté très claire de sa part, celle d’ouvrir les yeux des spectateur­s. « Les gens ne veulent pas avoir l’impression d’apprendre quelque chose, il faut vraiment bien cacher [la pédagogie]. Un auteur a déjà dit de mon émission de télévision qu’elle était comme de cacher des carottes dans un

brownie ! Et je suis entièremen­t d’accord avec cette définition, c’est une excellente tactique. »

Il y a trois ans, l’humoriste a organisé des ateliers en collaborat­ion avec The Goodwill Foundation pour que les femmes apprennent à s’habiller et ainsi, à avoir confiance en elles. Aujourd’hui, avec Moi, belle et

jolie, elle poursuit toujours cette mission informelle.

« La majorité de mon travail est lié à une volonté d’autonomise­r les femmes grâce à de l’informatio­n et de la confiance. Ce film n’est pas différent et oui, c’est une suite logique de cette initiative. » Moi, belle et jolie fait rire et jaser depuis le 20 avril.

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