Le Journal de Quebec - Weekend
L’ANGOISSE D’ÊTRE « AUSSI BIEN QUE LES AUTRES »
La romancière et dramaturge Stéphanie Gauthier porte un regard plein d’humour sur l’angoisse qu’ont bien des gens à se montrer sous leur meilleur jour afin d’être « aussi bien que les autres », entre autres sur les réseaux sociaux, dans son troisième roma
À travers une galerie de personnages colorés, dont Claudia Dumontier, son « coach en conformité sociale », Stéphanie pose plusieurs questions bien d’actualité : peut-on être soi-même? Faut-il embellir quelque peu la réalité? La vie des autres est-elle vraiment plus intéressante?
Claudia s’est donné une mission professionnelle bien stricte : transformer les différences de ses clients et les aplanir pour qu’ils connaissent enfin le bonheur et la paix d’esprit. Pour elle, une vie heureuse se traduit par un précepte bien simple : être comme tout le monde.
Cette « coach » inusitée connaît un certain succès jusqu’à l’arrivée de Maximien, un jeune marginal qui lui fera vivre plusieurs bouleversements.
Stéphanie Gauthier s’est bien amusée à imaginer Claudia et la placer dans toutes sortes de situations loufoques.
« Savoir comment on se comparait aux autres, comment moi, parfois, je me sentais un peu différente, et comment, en jasant avec les autres, eux aussi se sentent un peu différents même si, aux yeux des autres, ils rentraient dans le moule. Je m’intéresse à la psychologie des personnes. »
« CRITIQUE SOCIALE »
Est-ce cela qui l’a amenée à écrire son roman? « Peut-être un peu. C’est une longue réflexion, une critique sociale aussi, de dénoncer le conformisme social avec humour. J’ai eu beaucoup de plaisir à l’écrire. Ça me faisait du bien. »
Les stéréotypes et les travers des uns et des autres sont bien exposés et Claudia, sa coach en conformité sociale, est originale. « J’espère que ça n’existe pas pour vrai! C’est le personnage qui m’est venu en premier. »
Elle a écrit cette histoire comme une pièce de théâtre. « Le roman est plus fort parce qu’on peut aller dans la tête des personnages et montrer leurs contradictions. Ce qu’on peut s’imaginer sur quelqu’un est souvent loin de la réalité. Je pense que c’est comme ça aussi dans la vie : on ne connaît vraiment jamais les gens. Ça prend du temps pour connaître quelqu’un. »
La pression des réseaux sociaux l’a aussi influencée. « C’est beaucoup basé sur l’image. On voit des photos où tout le monde est heureux, mais en réalité, c’est juste une facette de leur vie. Je pense que ça encourage beaucoup la comparaison entre les personnes. J’ai l’impression qu’il y a une surenchère. Le roman va dans ce sens. »
Stéphanie Gauthier est parolière, dramaturge et romancière.
Elle a signé plusieurs pièces de théâtre ainsi que deux romans.