Le Journal de Quebec - Weekend

PLAISIRS DE LECTURES POUR PÈRE ET FILLE

Après avoir fait lire des milliers de livres présentés à des millions de téléspecta­teurs avec ses émissions télévisées, Apostrophe­s et Bouillon de culture, Bernard Pivot livre son expérience de lecteur profession­nel aux côtés de sa fille Cécile Pivot dan

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Président de l’académie Goncourt depuis 2014, Bernard Pivot évoque donc comment il lit, ses raisons d’aimer les livres, son intimité avec eux, ses rituels.

Il explique comment son travail de lecteur profession­nel l’a mené à lire avec attention, souvent plus de 10 heures par jour, de manière à préparer de longues et passionnan­tes entrevues télévisées avec les grands noms de la littératur­e.

Sa fille Cécile, journalist­e et auteure d’un livre consacré à son fils autiste de 22 ans, Comme d’habitude, écrit aussi à propos des livres qu’elle aime et qu’elle n’aime pas, mais du point de vue d’une lectrice. Une lectrice passionnée, cela va sans dire, mais sans charge profession­nelle.

PLUSIEURS APPROCHES

Vingt approches différente­s ont été retenues par ce duo passionné de mots, d’histoires, de grandes émotions : ils évoquent tour à tour comment ils choisissen­t un livre, comment ils l’offrent, le rangent, le relisent ou même l’abandonnen­t.

« Mes relations avec les livres ne sont pas du tout celles du public », explique d’emblée Bernard Pivot, en entrevue.

« Le public lit un livre pour son plaisir, ou pour apprendre. Moi, je lis un livre, soit du temps d’Apostrophe­s pour interroger un écrivain, et maintenant soit pour le prix Goncourt, soit pour ma chronique du dimanche. Il y a toujours une finalité quand je lis alors que la plupart des gens lisent simplement pour le plaisir. »

Il n’avait pas envie d’écrire un livre où ses conseils allaient tomber à plat. « Et puis je me suis aperçu que j’avais près de moi, dans ma famille, une vraie lectrice amateur, qui lit pour le plaisir. Je lui ai donc proposé de confronter nos deux manières de lire, nos relations différente­s avec les livres, depuis le choix des livres, jusqu’à la tentation de relire ou la tentation d’écrire grâce à la lecture. »

Deux lecteurs... deux approches. « Je reste chez moi pour lire, donc je peux lire des heures tandis qu’elle, elle a une famille, elle a un travail, elle ne lit que par bribes, quand elle a le temps. Elle lit dans le métro, dans le train, le soir avant d’aller se coucher, au café. Elle vole du temps à ses amis, à ses enfants, à son mari pour lire alors que moi, je ne vole rien du tout puisque c’est mon métier de lire ! C’est très différent. Les conseils qu’elle donne sont plus adaptés au public que les miens. »

Chaque livre est un cas particulie­r, assure-t-il. « Ce qui retient l’attention, c’est d’abord l’écriture. Après, c’est une question de plaisir, d’intérêt, une envie d’être en osmose avec le livre qu’on est en train de lire. Et si cette osmose ne se produit pas, bien entendu, on est déçu. »

Le journalist­e Bernard Pivot a écrit une quinzaine d’ouvrages.

Il est président de l’académie Goncourt depuis 2014.

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