Le Journal de Quebec - Weekend
SE PROJETER DANS SIX VIES AMOUREUSES
Dans son 13e roman, Le gazon... plus vert de l’autre côté de la clôture ?, la romancière à succès Amélie Dubois donne la parole à un narrateur masculin pour explorer ce qui se passe dans la tête d’un homme en pleine crise de la quarantaine. En une nuit, il revisite six de ses « kicks » du passé en se demandant ce qui serait arrivé s’il était resté avec chacune d’elle.
Le roman fait écho à Le gazon... toujours plus vert chez le voisin ?, paru en 2014. Dans ce roman, une femme dans la quarantaine se demande comment aurait été sa vie si elle s’était engagée avec des hommes qu’elle a déjà fréquentés, même brièvement.
Cette fois, c’est au tour d’Alexandre Trudeau de se poser mille et une questions. Sa femme a l’air de s’être lassée de lui. Ses enfants le trouvent dépassé. Sa carrière de journaliste s’enlise. Une nuit, il est projeté dans des réalités alternatives qui auraient pu être la sienne. Que serait-il arrivé s’il s’était engagé avec l’une ou l’autre des six femmes qui l’avaient allumé?
PERSONNAGE MASCULIN
Amélie Dubois s’est glissée avec beaucoup d’humour dans la peau d’Alexandre pour écrire cette histoire divertissante. C’est la première fois qu’elle raconte une histoire du point de vue masculin — exception faite de quelques personnages secondaires rencontrés dans ses autres romans.
« J’ai beaucoup aimé ça ! Je pense qu’en tant qu’écrivain, on doit se développer, être capable de se mettre à la place de l’autre », commente-t-elle en entrevue. « On a déjà écrit et on va écrire encore plein de fois sur des personnages qui ne vivent pas notre réalité. J’ai été coachée : on a engagé un réviseur au contenu, qui est un gars, pour relire le roman et voir si, parfois, il y avait des petits dérapages de femme qui écrit pour un homme. »
Existe-t-il un fossé entre l’univers féminin et l’univers masculin ? « On voit que les préoccupations de Claire, dans le premier roman, ne sont pas du tout celles d’Alexandre dans le roman miroir. Oui, je pense qu’au point de vue du bonheur, de l’harmonie dans le couple et de la famille, les deux sexes aspirent à quelque chose d’harmonieux. Mais je pense que les chemins pour y arriver et les réflexes qu’on a ne sont pas les mêmes. »
Amélie Dubois a beaucoup de tendresse pour son personnage et décrit ses travers avec beaucoup d’humour. « J’avais le goût de montrer un gars qui veut que ça marche dans son couple, qui dit haut et fort que ce dont il s’ennuie, c’est d’avoir du fun et de rire avec sa blonde. Je pense que c’est une réalité dans la vie de parent : on a moins de temps pour la vie de couple, pour se retrouver. »
HOMMAGE À SON PÈRE
Amélie dédie ce nouveau roman à son père, Jean-Pierre Dubois, décédé l’année dernière d’une intoxication au monoxyde de carbone à son chalet de Tingwick, à la suite d’un bris du frigo au gaz. « Le premier jet de mon roman était écrit avant la tragédie. Une chance, parce que je ne pense pas que j’aurais été capable. J’ai passé quatre mois cet été en réadaptation avec ma mère, qui était dans un état d’éveil sans réponse. »
Amélie avait déjà prévu que ce livre allait être dédicacé à son père, après en avoir dédicacé un à sa mère, un autre à sa soeur. « Mon père m’agaçait en me disant ‘‘bon, c’est pas encore le mien...’’ à chaque fois qu’il ouvrait un livre. Je lui disais que ça prenait un motif... mais je savais, en écrivant pour un homme, que ça allait être le sien. »