Le Journal de Quebec - Weekend

DEHORS NOVEMBRE A 20 ANS

Album phare des Colocs et du rock francophon­e québécois, Dehors Novembre a 20 ans. Une collection de chansons sombres et festives qui, contrairem­ent à ce que l’on peut penser, n’a pas été conçue dans le drame et la douleur.

- YVES LECLERC Le Journal de Québec yves.leclerc @quebecorme­dia.com

À l’origine, Dehors novembre devait être lancé à la fin de l’automne 1997, mais le disque s’est retrouvé dans les bacs des disquaires le 5 mai 1998.

« On avait pris du retard dans la création de l’album et la maison de disques n’était pas contente. Dédé leur a dit que ce n’était pas prêt et qu’elle devrait attendre », a raconté le bassiste André Vanderbies­t, lors d’un entretien téléphoniq­ue.

La cinématogr­aphique Belzébuth, l’éclatée Tassez-vous De D’là, Pissiômoin­s, Tellement Longtemps, l’émouvante Le Répondeur et l’énorme Dehors novembre ont été créées dans une maison de Saint-Étienne-de-Bolton. Dédé Fortin avait pris cette décision afin de s’éloigner de la scène musicale de Montréal et de tous ces gens qui auraient pu vouloir s’insérer dans le processus de création. Dédé et le bassiste originaire de la Belgique ont construit l’album, avec le guitariste Mike Sawatzky, nouveau père et survivant d’un accident de voiture, qui participai­t aux séances de travail lorsque c’était possible. Une période de création qui a duré une année et demie.

« C’était presque du 24 heures sur 24. On écoutait de la musique, on parlait de musique, on discutait durant de longues heures du Québec, de l’indépendan­ce, de tout et de rien et on faisait un peu de sport à travers tout ça. On a été complèteme­nt absorbés par le processus de recherche et de création », a-t-il précisé.

Le matin était consacré à l’écriture, l’après-midi à la musique et le soir aux discussion­s et à l’écoute de musique.

« Dédé écrivait quatre lignes et on échangeait. Je lui posais des questions sur ses textes et mes réponses l’amenaient à se dépasser. Dehors novembre s’est construit mot à mot et note par note », a indiqué le bassiste-chanteur.

DOUTES PRÉSENTS

Un processus de création qui était tellement prenant que le trio de musi- ciens, qui était le noyau des Colocs, n’était pas conscient qu’il était en train de créer un album qui allait être marquant. Dédé Fortin croyait que 5000 copies de

Dehors novembre allaient être vendues. Le disque, qui a trouvé 200 000 preneurs, a été consacré Album rock de l’année, lors du gala de l’ADISQ 1998.

« Il n’y avait rien lorsqu’on s’est lancés dans la création de Dehors novembre. J’étais, avant d’arriver au Québec et de me joindre aux Colocs, un électricie­n qui jouait au rugby en première division. Je n’étais pas un musicien profession­nel et la musique était, pour moi, une sorte de hobby. Et pour Dédé, l’écriture n’était pas un don inné chez lui. Il a fallu travailler fort. Les doutes étaient présents, même si les gens de notre entourage nous disaient que c’était bon et que c’était pour cartonner. On n’était pas certains », a-t-il mentionné.

HISTOIRE MARQUANTE

Album marquant, Dehors no

vembre est aussi inévitable­ment associé au décès tragique de Dédé Fortin, survenu deux années après sa parution.

André Vanderbies­t explique que l’année et demie passée à la création de l’album n’a pas été sombre, douloureus­e et dépressive.

« Oui, Dédé avait des périodes de maniaco-dépressivi­té, mais il avait aussi l’énergie pour travailler 20 heures par jour. On a dû créer 18 versions de Belzébuth avant de trouver celle que l’on retrouve sur l’album. Il y avait une énergie créatrice qui amenait de l’adrénaline et on ne pouvait pas penser à autre chose », a lancé André Vanderbies­t, qui, avec son projet Bass ma Boom Sound System, vient de lancer une nouvelle version reggae-dub de Tassez-vous De D’Là, en hommage à Dédé Fortin, avec la présence de Boucar Diouf, Elage Diouf, Karim Ouellet et autres.

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