Le Journal de Quebec - Weekend
ÉRIC LAPOINTE ET LEONARD COHEN, MÊME COMBAT!
« Il y a une brèche dans toute chose. C’est par là qu’entre la lumière. » — Leonard Cohen, 1992 « C’est dans ton lit que l’amour peut enfin respirer » — Éric Lapointe, 2018
À l’image de la fameuse brèche de M. Cohen, le rockeur écorché laisse de plus en plus la lueur effleurer son emblématique blouson en cuir sur Délivrance, un huitième album qui pourrait bien être le début de quelque chose de nouveau ou, du moins, de différent pour Éric Lapointe.
Sans délaisser sa « marque de commerce » (ça demeure très « Éric Lapointe » comme disque, rassurez-vous), le chanteur s’écarte par moments de sa prestance plus grande que nature. Ainsi, si les musiques sont toujours aussi grandiloquentes, l’interprète, lui, se fait plus subtil, voire vulnérable, qu’à l’habitude. Un beau risque fort apprécié.
AVEC L’AIDE DE QUELQUES AMIS
Bien que la mort de son « second père » — le parolier Roger Tabra, décédé en 2016 — ait laissé un grand vide dans le quotidien du chanteur (les remerciements de Délivrance en témoignent), la plume ténébreuse du défunt griffe tout de même l’oeuvre, tout comme celle de plusieurs contemporains, dont Michel Rivard, Lynda Lemay et Luc De Larochellière. Ce dernier signe d’ailleurs la ballade intimiste Sans vous, un touchant hommage piano-voix aux enfants de Lapointe.
L’artiste a également recruté deux participants de La Voix pour des duos : Noémie Lafortune et Travis Cormier. Lapointe vient, en quelque sorte, adouber le jeune loup sur leur chanson quasi hair metal La bête. Pour les fans de l’émission, il s’agit sûrement de rencontres au sommet. Les autres mélomanes, par contre, pourraient demeurer dubitatifs.
VERDICT
Sans être renversant, Délivrance réussit tout de même le petit exploit de plaire aux inconditionnels du bonhomme et ouvrir une brèche vers son oeuvre — et toutes ces facettes allant du rock sale à la grosse balade — pour les plus novices. Une bien belle job, Éric !