Le Journal de Quebec - Weekend
UNE ODE À LA CAMPAGNE
Paul Rousseau, auteur du roman Haine-moi !, adapté au cinéma sous le titre Ailleurs, s’est inspiré des hauts et des bas de la vie rurale et de son expérience à la campagne pour écrire son nouveau roman, Rut rural. Campée dans les beaux paysages des Cantons-de-l’Est, son histoire raconte l’improbable amitié entre trois hommes durs que tout oppose... et qui seront réunis par la vie, la mort, la maladie et leurs passions.
À la suite d’une rencontre imprévue, Édouard, Marc et Jeff, trois hommes d’âge et d’horizons différents, qui ne travaillent pas, se lient d’amitié au cours de leurs virées en pick-up dans les Cantons.
L’intellectuel à la retraite, l’ex- goon en rémission d’un cancer et le jeune hyperactif ont peut-être plus en commun qu’ils ne se l’imaginent.
Dans ce récit loufoque, énergique, coloré, Paul Rousseau dépeint autant les belles demeures victoriennes que les bars louches, les beaux paysages que les éclaircies dissimulant les champs de pot. Aux paysages bucoliques succèdent parfois les cours à scrap !
Paul Rousseau, natif de Grand-Mère, a vécu quelques années sur une fermette en Estrie. Il a donc une très bonne idée de la vie rurale.
« Je voulais écrire un roman qui sent les Cantons-de-l’Est, qui goûte les Cantons-de-l’Est, où le décor serait un des personnages », note-t-il.
REGARD RÉALISTE
Il souhaitait porter un regard réaliste sur notre campagne québécoise. « Ce n’est pas une campagne idéalisée comme dans les pubs de chars ou archaïque comme dans Séraphin. Notre campagne a changé. Elle est branchée, satellitée. Mais en même temps... il y a des coins plus beaux, des coins moins beaux. L’architecture, chez nous, ça varie beaucoup. »
« Je me suis permis de parler des qualités, des défauts, des splendeurs, des misères de notre campagne à nous, puisque j’ai vécu en campagne, encore récemment. J’ai déjà eu une terre, une fermette. Ma famille vient des Cantonsde-l’Est : de Saw-yerville, de Cookshire. »
Des coins « extrêmement anglais », note-t-il. « La famille de mon père était la seule famille francophone dans son village. Maintenant, il est à 70 ou 80 % francophone. La démographie, ça change. La société évolue, c’est toujours fascinant, ces aspects-là, pour un écrivain. »
PERSONNAGES COLORÉS
Il s’en passe des belles dans la campagne qu’il décrit. « Mes personnages sont loin d’être parfaits... Ils sont totalement humains. Ils sont colorés, disons. C’est parfois cru, c’est parfois raide, c’est souvent très sympathique. Et parfois, on s’inquiète pour eux. » Ses expériences en campagne ont bien sûr nourri sa plume. « Avoir une fermette, ça donne le goût d’en parler : les chevaux, les poules, les dindons, les chiens, les chats, les chevreuils, la mouffette sur la galerie... Quand tu vis en campagne, dès que tu sors de chez vous, tu es dans le décor, dans le bois, il y a un ruisseau qui passe... Ça fait partie de ta vie, tout le temps. » Ça lui manque, depuis qu’il a déménagé à Trois-Rivières? « Ça me manque, et ça manque encore plus à ma blonde. Mais on s’est acheté un cheval. On est heureux. On prend les moyens de se rendre heureux. »
Paul Rousseau a mené une carrière de journaliste et publié une vingtaine d’ouvrages pour les jeunes et pour les adultes.
Son roman Haine-Moi! a été adapté au cinéma en 2017 sous le titre Ailleurs. « Le réalisateur a fait un travail remarquable au niveau de l’ambiance, de la beauté, de la poésie. Je suis bien content. C’est l’fun qu’un film produit à Québec voie le jour. »